Ce système permet à Carrefour de transférer les contrats de travail vers une autre société et d’économiser ainsi plusieurs millions en n’ayant plus à payer directement les salariés. Le repreneur, quant à lui, a l’obligation de se fournir principalement chez Carrefour et doit reverser une redevance sur son chiffre d’affaires ainsi qu’un loyer, les murs appartenant toujours au groupe. Carrefour est gagnant sur tous les plans.

En revanche, pour les travailleurs, ce transfert va entraîner une perte importante de pouvoir d’achat, via l’abandon de nombreuses primes et autres droits liés aux accords d’entreprise. Il va également contribuer à la dégradation des conditions de travail, du fait de la suppression de nombreux postes par le locataire-gérant.

C’est dans ce contexte que les salariés du magasin se sont mobilisés massivement. La grève a démarré à 4 heures du matin pour se poursuivre toute la journée. Des tracts ont été distribués aux clients afin de les informer des raisons du mouvement et ces derniers ont eu de nombreux gestes d’encouragement et de soutien. Certains ont témoigné eux aussi de la dégradation de leurs conditions de travail, une occasion de parler de la nécessité d’une mobilisation.

Au cours de la manifestation qui s’est déroulée dans le magasin ainsi que dans la galerie commerciale attenante, les grévistes ont pu se faire entendre aux cris de « nous ne sommes ni à vendre ni à louer, non à la location-gérance ». En milieu de matinée, une assemblée générale a permis de faire le point sur la situation et de discuter de la façon de poursuivre la mobilisation : les grévistes savent qu’il faudra continuer à mettre la pression pour ne pas être les perdants des manœuvres de l’entreprise et du futur locataire-gérant.