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Dans les entreprises
À Vesoul, les travailleurs ne se laissent pas diviser
Cela fait des mois que la direction de Stellantis – PSA fait appel à du personnel d’autres sites du groupe. Aujourd’hui ils sont une centaine à venir à Vesoul de Mulhouse et Sochaux, pendant qu’elle licencie des intérimaires.
Fin octobre la direction déclarait, dans les briefings de début de poste, qu’il manquait 300 à 350 personnes sur le site et qu’elle allait faire venir en renfort 200 travailleurs des sites Fiat de Melfi et Pomigliano, dans le sud de l’Italie, actuellement en chômage chronique.
Ces usines, qui produisent la Fiat 500X et la Fiat Panda, sont quasiment à l’arrêt faute de semi-conducteurs. La direction Stellantis fait le choix de favoriser les véhicules haut de gamme à forte valeur ajoutée. En Italie, elle prévoit aussi de supprimer 12 000 emplois sur les 66 000 de Fiat intégrés au groupe Stellantis.
En guise de renfort, la direction a licencié, sans délai de prévenance, le nombre d’intérimaires correspondant. À l’annonce des licenciements, les jeudi 28 et vendredi 29 octobre, plusieurs dizaines d’entre eux ont débrayé pour protester, réclamer des missions plus longues et du respect. Ces débrayages ont eu le soutien non seulement des intérimaires, mais de travailleurs en CDI et même d’une partie de la hiérarchie. La direction a pu mesurer la colère accumulée dans les ateliers.
Ces débrayages ont redonné le moral à bien des travailleurs et n’ont pas du tout été dirigés contre la venue des camarades d’Italie. Tout le monde imagine leur perte de salaire alors qu’ils n’ont travaillé que 4 à 5 jours par mois ces derniers temps. Le patron demande aux travailleurs de Melfi et Pomigliano de faire plus de 1 300 kilomètres pour gagner leur vie, et bien des travailleurs se demandent si demain ce ne sera pas leur tour. Pour le moment la tentative de la direction de diviser les travailleurs, hier entre CDI de Vesoul et intérimaires et aujourd’hui entre CDI venus d’Italie et intérimaires, ne marche pas.
La précipitation à licencier les intérimaires a choqué, y compris une partie de la hiérarchie, qui s’est sentie très mal à devoir faire le sale travail d’annoncer les licenciements. D’ailleurs dès le 8 novembre, une centaine d’intérimaires, y compris des grévistes, étaient rappelés aux magasins avec des contrats jusqu’à la fin du mois, le temps que la direction puisse faire traduire en italien la voix qui donne les ordres des commandes ! Les travailleurs venus d’Italie sont bien accueillis, des intérimaires grévistes ont témoigné dans la presse qu’ils n’avaient rien contre eux, dénonçant le mépris de la direction, non seulement vis-à-vis des intérimaires mais aussi de leurs camarades transalpins, qu’elle n’est même pas capable de loger décemment. Ce sont les travailleurs de Vesoul et des habitants qui les aident à trouver des logements.
Un tract CGT en italien sera distribué, mais beaucoup se débrouillent déjà pour communiquer via des applications de traduction, y compris pour pouvoir lire le bulletin Lutte ouvrière qui est collectivement commenté.