Nucléaire : des incidents de sécurité dissimulés17/11/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/11/2781.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nucléaire : des incidents de sécurité dissimulés

Un cadre d’EDF, ancien membre de la direction de la centrale nucléaire de Tricastin, dans la Drôme, a porté plainte contre EDF pour dénoncer des incidents liés à la sécurité qui auraient été systématiquement dissimulés ou minimisés par la direction de la centrale.

Ce cadre était devenu membre de la direction de la centrale de Tricastin fin 2016, alors que, mise en service en 1980, elle devait subir une visite afin de décider si sa durée de vie pouvait être prolongée au-delà de sa quarantième année.

La direction aurait donc essayé, d’après le témoignage de ce cadre, de dissimuler ou de minimiser plusieurs incidents auprès de l’ASN (l’Autorité de sûreté nucléaire).

Une inondation atteignant par endroit dix centimètres pendant plus de 24 heures, avec un prélèvement radioactif, aurait été signalée comme « de simples écoulements immédiatement arrêtés ».

Un réacteur, qui aurait fonctionné au-delà de la puissance autorisée pendant 45 minutes, alors que le maximum de surpuissance autorisée est de six minutes, n’a été signalé que quinze jours plus tard, alors qu’il aurait dû l’être dans les 48 heures.

Comme dans de nombreuses entreprises, la direction aurait fait pression sur les salariés pour qu’ils ne déclarent pas les accidents de travail avec arrêt, car leur fréquence est prise en compte dans le classement des centrales.

En mai 2020, le président de l’ASN s’inquiétait « d’un recul de la rigueur dans l’exploitation des centrales », constatant par exemple que les consignes en cas d’incendie contenaient des erreurs ou étaient inapplicables.

Mais cette affaire montre que l’ASN n’obtient que les informations que les directions des centrales et d’EDF veulent bien lui donner. C’est l’ensemble des travailleurs du nucléaire, qui risquent eux-mêmes leur santé et leur vie en cas de problème de sécurité, qui devraient pouvoir tout contrôler, et rendre publics les dysfonctionnements qu’ils constatent, sans pouvoir être sanctionnés par leur direction.

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