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Dans le monde
Malte : des affaires en or
Si l’Union européenne s’organise afin de refouler tous les pauvres qui fuient la misère et le chaos des pays dits du tiers-monde, dont les grandes puissances sont responsables pour l’essentiel, en revanche, elle accueille volontiers les très riches, d’où qu’ils viennent et quelle que soit la couleur de leur peau.
Il suffit pour cela à ces nantis de posséder un solide compte en banque, et le sésame pour l’Eldorado européen leur est acquis tout à fait officiellement.
Malte, par exemple (mais c’est également une opportunité offerte par Chypre, le Portugal et même l’Espagne), délivre un « gold passport », un passeport en or, à tous ceux qui, quelle que soit leur origine, sont en mesure d’investir un million d’euros minimum dans l’économie maltaise, via un programme d’investissement patronné par l’État maltais, en association avec la société financière Henley and Partners.
Dès lors, les « investisseurs » acquièrent la citoyenneté maltaise, deviennent membres de l’Union européenne et peuvent ainsi voyager à leur guise à travers l’Europe et le monde, soit quelque 180 pays, comme le souligne le gouvernement maltais qui délivre le précieux sésame en or.
Et si l’on observe ce qui se passe sur l’île de Malte, les affaires vont en effet bon train en ce qui concerne l’immobilier : une véritable frénésie de construction d’immeubles de luxe s’est développée sur ses rivages à des prix pouvant atteindre 3 millions d’euros et qui sont rarement sous le million. Quant à ceux qui les construisent, ils n’ont pas le passeport en or et, pour une grande partie d’entre eux, probablement ni visa ni passeport. Originaires le plus souvent du Maghreb ou d’Afrique, beaucoup sont en « situation irrégulière tolérée », ce qui permet au patronat local de les surexploiter.
Le gouvernement maltais se targue d’une croissance de son produit intérieur brut parmi les plups élevées de l’UE, due notamment à l’afflux d’investisseurs du monde entier. Les affaires sont en effet prospères… et la corruption se porte à merveille. La journaliste d’investigation, Daphne Carvana Galizia a d’ailleurs été assassinée en 2017 pour l’avoir dénoncée. L’affaire ayant éclaboussé les plus hauts sommets des milieux d’affaires et des dirigeants politiques dont il est bien difficile de distinguer la répartition des rôles, un nouveau Premier ministre issu du même Parti travailliste que son prédécesseur, Robert Abela, a été nommé en 2020. Il s’est aussitôt empressé de promettre « la continuité ». Tout un programme !
L’Union européenne sous-traite ainsi à quelques-uns de ses États l’entrée des plus riches habitants de la planète au sein de son espace économique, afin que chaque bourgeoisie puisse profiter de l’aubaine d’une clientèle fortunée. À propos de ces « gold passports », depuis des années, de temps à autre et dans la plus parfaite hypocrisie, les principaux dirigeants de l’UE froncent les sourcils afin de sauvegarder les apparences. Les bonnes affaires n’en continuent pas moins !