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Leur société
Grande sécurité sociale : petite combine électorale
Le ministre de la Santé plaide pour ce qu’il appelle une grande sécurité sociale, c’est-à-dire la fin des mutuelles et complémentaires santé par leur intégration dans le système général.
Aujourd’hui, 80 % des dépenses de santé sont remboursées par la Sécurité sociale, 13 % par les mutuelles, soit 30 milliards d’euros, et 7 % restent à la charge des malades eux-mêmes. La Sécurité sociale remboursant fort mal les soins dentaires, les lunettes et les prothèses auditives, l’adhésion à une mutuelle qui les rembourse est une nécessité. Mais c’est une nécessité coûteuse, surtout pour les retraités dont les mutuelles augmentent les cotisations quasiment chaque année. Aujourd’hui, 5 % des assurés sociaux n’ont pas de quoi cotiser à une mutuelle et donc guère de quoi aller chez le dentiste ou faire changer leurs verres de lunettes. Une partie des travailleurs aussi sont sans statut et donc sans assurance, sans couverture sociale et sans retraite. On ne connaît évidemment pas leur nombre, mais on peut les rencontrer sur bien des chantiers, dans des cuisines, des ateliers clandestins...
Pour l’instant, la Sécurité sociale continue de prendre en charge à 100 % les affections de longue durée, les maladies graves et les opérations coûteuses. Mais la liste des médicaments déremboursés s’allonge et on trouve de plus en plus de malades sans soins, faute de moyens financiers. La question de la prise en charge des soins médicaux est donc réelle, elle est même cruciale pour les retraités modestes.
Ce gouvernement qui étrangle la santé publique et puise dans les caisses de la Sécurité sociale prétend aujourd’hui vouloir une « grande sécu » remboursant tout le monde à 100 % et accuse les mutuelles de mauvaise gestion. Les gestionnaires de ces dernières se défendent et chacun y va de son argument et de son calcul. Qu’il y ait ou non une réforme, Véran et surtout Macron se seront présentés pendant quelques mois comme des défenseurs des petits contre les abus des mutuelles. C’est tout ce qui compte en période électorale.
La Sécurité sociale et le système des mutuelles consistent à faire assumer à l’ensemble des travailleurs les frais de santé des familles, des malades, des accidentés et des retraités. Ce système, qu’il soit conçu et géré par les travailleurs eux-mêmes comme au début du mouvement ouvrier, par des syndicats plus ou moins institutionnalisés ou par l’État de la bourgeoisie ne peut être qu’un palliatif. Il ne protège vraiment que la fraction supérieure de la classe ouvrière, aux époques de prospérité économique. Il tombe en quenouille lorsque le salaire réel s’effondre, que le chômage augmente et que la précarité devient la règle.
Ni les promesses de Macron, ni les assurances des mutuelles, ni les plans mirobolants des directions syndicales n’arrêteront la dégradation du remboursement des dépenses de santé. Pour l’empêcher les travailleurs auront à imposer au patronat un tout autre rapport de force.