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- Lutte ouvrière n°2779
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Editorial
COP 26 : au sommet des promesses non tenues
La 26e grand-messe pour le climat a démarré dimanche 31 octobre à Glasgow. Comme toujours, les chefs d’État vont promettre et jurer, main sur le cœur et larme à l’œil, qu’ils feront mieux demain. La réalité est qu’ils nous conduisent à la catastrophe.
En 2015, lors de la COP21 à Paris, ils avaient reconnu la nécessité de contenir le réchauffement en visant 1,5° C. Mis à part la Gambie, aucun État n’a tenu ses engagements, la France pas plus que les autres. Alors, Macron n’a pas de quoi parader !
Cela fait près de trente ans que les chefs d’État se réunissent dans l’objectif de lutter contre le réchauffement climatique, et trente ans que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter. Même les promesses financières destinées à aider les pays du Sud à faire face au changement climatique n’ont pas été tenues, alors que des centaines de milliards sont engloutis dans la spéculation et les grandes fortunes.
Les commentateurs appellent à « passer des paroles aux actes ». « Nous partageons la planète, alors il faut plus de coopération internationale », entend-on aussi. C’est vrai, mais faut-il rappeler que la France et la Grande-Bretagne sont en train de s’écharper sur quelques dizaines de droits de pêche, par démagogie nationaliste ?
Au service des capitalistes, tous les gouvernements placent les intérêts de leurs industriels, la course aux profits et la guerre commerciale au-dessus de tout. Ils les placent au-dessus des salaires, des droits et des conditions de vie des travailleurs. Et ils les font passer avant les considérations climatiques.
C’est ainsi que Macron a repoussé la date d’interdiction du glyphosate. C’est ainsi qu’il a autorisé Total à forer en Guyane cinq puits d’exploitation offshore. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne peut pas faire confiance à Total. Pendant cinquante ans, Total, disposant d’études sur les conséquences des hydrocarbures pour le réchauffement climatique, les a dissimulées au public, afin de rester un roi du pétrole !
Entre autres renoncements, Macron a refusé d’inscrire dans la loi Climat la taxation des véhicules les plus lourds et a rechigné à supprimer les liaisons aériennes pouvant être effectuées en train.
« Cela revient à nier la liberté des entreprises d’investir où elles le souhaitent. C’est vraiment aller trop loin ! »
Ce cri du cœur d’une députée macroniste résume l’état d’esprit des gouvernants : le moindre contrôle sur les décisions des capitalistes est un sacrilège.
Autrement dit, il faudrait accepter les décisions prises dans le secret des conseils d’administration des grands groupes capitalistes, qui sont les principaux pollueurs, quand bien même elles sont nuisibles pour les hommes et la planète !
Tant que les intérêts du grand patronat s’imposeront, c’est sur la population et sur les travailleurs que pèseront les sacrifices. Du matin au soir, on nous dit que « chacun est responsable » et que l’on consommerait mal et trop. Cela revient à dédouaner les responsables qui nous dirigent.
Et c’est surtout une façon de nous faire payer la crise climatique, avec des mesures aussi injustes que l’interdiction de rouler pour les voitures classées crit’Air4, la taxe carbone ou l’augmentation des prix de l’énergie.
Si l’on veut être responsable, il faut remettre en cause l’organisation capitaliste de l’économie. Toute politique écologique se heurte à la folie de ce système et à la spéculation. Un exemple : avec la flambée actuelle du prix du gaz, le charbon devient plus compétitif pour produire de l’électricité. Les grandes puissances, qui reprochent à la Chine d’ouvrir de nouvelles centrales à charbon, sont elles-mêmes en train de relancer son exploitation. Cette année, sa part dans la production européenne d’électricité a bondi de 14 % à 19 %.
En France, les politiciens se gargarisent des faibles émissions de gaz à effet de serre, mais nous ne pouvons leur faire confiance sur la maîtrise de la production nucléaire, elle aussi soumise aux lois de la rentabilité plus qu’à celles de la sécurité.
On ne sauvera pas la planète sans arrêter la course au profit et sans en finir avec ce système basé sur la propriété privée des grands moyens de production, sur la concurrence et le marché, source d’anarchie et de gaspillage incroyable.
Cette lutte correspond aux intérêts de tous les travailleurs, qui sont les premières victimes de ce système. La crise climatique et la nécessité d’y répondre ne peuvent que nous conforter dans la perspective d’exproprier les grands groupes capitalistes, pour les gérer collectivement et planifier l’économie à l’échelle planétaire. C’est le seul moyen de satisfaire les besoins présents et futurs de l’humanité.
Bulletins d’entreprise du 2 novembre 2021