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- Lutte ouvrière n°2778
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Editorial
Ils nous pompent !
Après des semaines de réflexion et de savants calculs, le gouvernement a tranché pour un chèque inflation de 100 euros, destiné à ceux dont les revenus sont inférieurs à 2 000 euros. Comme si les travailleurs demandaient l’aumône !
Donner une fois 100 euros, alors qu’il nous faut, tous les mois, 300, 400, voire 500 euros de plus sur la fiche de paye, est une provocation. Quand on trime du matin au soir, quand on en est à sacrifier sa santé ou sa vie de famille pour le travail, la moindre des choses est de pouvoir vivre dignement de son salaire.
Cela fait des années que les salaires, dans le privé comme dans le public, sont bloqués à un niveau insuffisant. Des années que le grand patronat masque le problème en faisant miroiter des primes qui vont et viennent. L’augmentation des prix de l’énergie montre que cela ne peut plus durer.
Avec ce chèque, le gouvernement l’avoue : en dessous de 2 000 euros, on ne peut pas s’en sortir. Eh bien, cela signifie qu’il ne faut pas de salaire en dessous de 2 000 euros !
La situation est complètement folle. Les travailleurs ont du mal à se loger, à se chauffer et faire leur plein d’essence, alors qu’ils produisent toutes les richesses. Pourquoi ? Parce qu’il n’y en a que pour les profits et pour les dividendes ! Parce que l’exploitation s’est considérablement accrue, avec l’accumulation de fortunes exorbitantes pour la classe capitaliste et l’appauvrissement de la population laborieuse.
L’État pompe notre porte-monnaie à chaque fois que nous passons à la station-essence, avec des taxes qui constituent 60 % du prix de l’essence. Mais le prélèvement le plus lourd est celui de l’exploitation, par laquelle le grand patronat pompe à leur source les richesses que nous produisons et s’approprie le fruit de notre labeur.
Pour refuser les augmentations de salaire, le grand patronat met en avant la compétitivité et le fameux « coût du travail ». C’est bien un mensonge de patron : le travail ne lui coûte pas, il lui rapporte gros. Si ce n’était pas le cas, il y a belle lurette que le salariat serait aboli !
Quant à la compétitivité, elle sert d’alibi. Car elle dépend avant tout des marges bénéficiaires empochées par les capitalistes. Les salaires sont maintenus le plus bas possible, pour que le grand patronat assure et augmente ses marges et ses profits. Résultat : les grandes fortunes ont augmenté de 20, 30, 40 % en un an, quand les salaires restent au plancher.
Si les profits augmentent, il y a de quoi augmenter les salaires ! Le grand patronat ne le fera que contraint et forcé par les travailleurs unis et en lutte derrière cette revendication légitime.
Pendant des années, on nous a dit que la hausse des salaires allait créer de l’inflation. Aujourd’hui, nous avons des salaires bloqués, amputés par le chômage partiel, et l’inflation.
Et il ne s’agit pas seulement des prix de l’énergie, mais aussi des loyers, des mutuelles, de l’alimentaire, et même de la baguette… De proche en proche, tous les produits seront touchés et, tous les experts le disent, nous serons confrontés au renchérissement du prix de l’énergie pendant des années. Il ne s’agit donc pas d’une flambée des prix passagère, mais du retour durable de l’inflation.
Pour les patrons, il n’est pas compliqué de répercuter les hausses des matières premières et de leurs charges sur les prix de leurs marchandises et de leurs services, puisqu’ils les fixent eux-mêmes. Eux sont maîtres de leurs revenus et ils peuvent les augmenter en même temps que l’inflation.
Les salariés n’ont pas cette facilité : il faut donc l’indexation automatique des salaires sur l’inflation. Celle-ci doit se faire sur l’augmentation réelle des prix, et pas sur celle calculée officiellement et largement sous-estimée.
Pensez : dans le calcul officiel de l’inflation par l’Insee, le loyer est compté pour 6 % des dépenses d’un foyer. Pour une personne vivant avec 2 000 euros cela ferait un loyer de 120 euros ! Autant dire que l’État calcule l’inflation sur la base d’une fiction.
Alors, il faut augmenter les salaires et les pensions de retraite. Il faut un smic à 2 000 euros. Et il faut l’indexation des salaires sur l’inflation réelle !
Il est possible d’arracher ces augmentations au patronat, à condition de se battre. Il y a des mouvements de mécontentement qui vont du débrayage à la grève complète dans certaines entreprises. Ce sont autant d’exemples à suivre.
Aussi dérisoire qu’il soit, le geste du gouvernement prouve qu’il craint une flambée de colère. Elle est nécessaire et souhaitable et, pour qu’elle change le rapport de force entre les travailleurs et le patronat, elle doit mener à une flambée de grèves dans toutes les entreprises !
Bulletins d’entreprise du 25 octobre 2021