Zemmour : un étalage fétide20/10/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2777.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Zemmour : un étalage fétide

À la recherche d’une insanité politique quotidienne pour assurer un écho à sa campagne pré-présidentielle, Éric Zemmour a pris la défense de Maurice Papon, responsable de la déportation des Juifs de Bordeaux sous Pétain et massacreur d’Algériens à Paris sous De Gaulle.

Zemmour trace son sillon en réhabilitant et glorifiant le passé réactionnaire, esclavagiste, colonialiste, antisémite et patriarcal de la France. Et il y a de la matière première ! Reprenant le terrain longtemps labouré par Jean-Marie Le Pen, abandonné par sa fille en quête de dédiabolisation, Zemmour y a trouvé un public pour applaudir sa vision fantasmée de la grandeur perdue de la France mais aussi ses délires xénophobes et sa haine des musulmans. Sous prétexte de promouvoir son livre, il remplit ses salles de meeting tandis que, selon les sondages, qui affolent les autres candidats, avant même qu’il ne se déclare, il pourrait obtenir 16 à 17 % des voix et devancer Marine Le Pen.

Comme la famille Le Pen avant lui, Zemmour prospère sur la crise économique, les inquiétudes qu’elle suscite, la crainte du chômage et du déclassement qui menace des couches sociales longtemps protégées. Pour faire oublier la responsabilité des capitalistes, à commencer par les patrons français, il rend les étrangers, les immigrés ou leurs descendants, responsables du chômage, du manque de logements, des bas salaires et de tous les malheurs qui frappent les classes populaires. S’il a un écho, c’est qu’il trouve un terrain déjà bien préparé par Sarkozy, Hollande et Macron, qui chacun à son tour, au sommet de l’État, ont lancé des campagnes sécuritaires, refoulé les migrants, stigmatisé la jeunesse des banlieues ou inventé un prétendu séparatisme des musulmans.

Le succès de Zemmour ne doit pas grand-chose à ses talents personnels mais beaucoup à ses relais médiatiques et à ses soutiens financiers. Le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire de CNews, de Canal+, de journaux et de maisons d’édition, lui a offert une émission quotidienne alors même qu’il a été plusieurs fois condamné pour ses propos racistes. Zemmour est aussi soutenu par le riche financier Charles Gave, lui-même identitaire. Il s’est entouré d’un préfet en retraite, de jeunes banquiers, d’une énarque arriviste, pour organiser sa campagne. Tout ce monde espère visiblement refaire l’opération qui a porté Macron au pouvoir en 2017, cette fois-ci à l’extrême droite, et en s’adressant à une fraction de la bourgeoisie française, à une frange réactionnaire et nostalgique du temps béni des colonies, qui rêverait de propulser un Zemmour à l’Élysée.

Comme la famille Le Pen avant lui et pour tenter d’obtenir le vote des milieux populaires, Zemmour pose au candidat antisystème qui refuse le politiquement correct et dénonce les élites. C’est une imposture. C’est surtout un piège mortel pour les travailleurs qui le croiraient. Non seulement Zemmour sème le poison de la division en voulant dresser les travailleurs prétendument français de souche contre tous les autres, mais son programme est ouvertement antiouvrier. On peut l’entendre déclarer que « la France ne travaille pas assez » et que « promettre une augmentation du smic est démagogique ». Ce triste sire annonce la couleur : les coups contre les travailleurs.

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