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Dans le monde
Migrants : l’infamie des frontières
Une manifestation appelée par les ONG de secours aux migrants a rassemblé dimanche 17 octobre plusieurs milliers de personnes à Varsovie ainsi que dans plusieurs grandes villes de Pologne.
Elle dénonçait le fait que le Parlement polonais a voté, le 13 octobre, une loi autorisant le refoulement des migrants, même porteurs d’une demande de droit d’asile, et a validé la construction d’un mur le long des 400 km de sa frontière avec la Biélorussie. Ce mur coûtera 353 millions d’euros… et la Pologne demande à l’UE de participer à son financement.
Depuis le mois d’août, les passages clandestins de cette frontière se sont multipliés.Beaucoup de ces migrants viennent du Moyen-Orient ou d’Afrique et espèrent pouvoir rentrer dans l’Union européenne en passant par la Pologne. Sur des dizaines de milliers de tentatives, il y a eu 3 500 migrants arrivés en août, et 5 000 en septembre, officiellement enregistrés par la Pologne. Il y a eu aussi sept morts, des clandestins piégés et morts de froid dans les marais et les forêts, qui sont nombreux à cette frontière. Les ONG accusent les gardes-frontières des deux pays de se renvoyer les migrants, ce qui les met en situation encore plus dangereuse. Le gouvernement polonais a instauré un état d’urgence local, le long de la frontière, où ne peuvent plus passer ni journalistes ni humanitaires. Il a déployé des barbelés et des milliers de soldats depuis la fin de l’été.
Le 27 septembre, le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice polonais ont organisé une conférence de presse sur ce sujet, affirmant qu’« il ne fallait pas se cacher qu’un quart des migrants clandestins étaient liés à des pratiques terroristes ou pédophiles ou zoophiles ».
Les ignominies proférées ont une couleur bien polonaise, mais elles sont analogues à celles des gouvernements des autres pays d’Europe occidentale qui approuvent et financent les camps en Grèce et le renforcement des patrouilles en Méditerranée. En Pologne, il y a de longue date une émigration ukrainienne, estimée à 600 000 personnes, qui travaillent, ponctuellement ou en permanence, sans papiers officiels et souvent pour une centaine d’euros de salaire. Ils ou elles sont aides à la personne, cueilleurs de fruits et légumes, manœuvres dans le bâtiment, etc.
Mais en Europe occidentale, en France, en Allemagne, en Grande - Bretagne, dans les pays scandinaves, des centaines de milliers de Polonais travaillent, eux aussi, dans de telles conditions. Les capitalistes de toute l’Europe ont besoin de cette main-d’œuvre pas chère, dont le nombre est si souple à ajuster. Ils ont besoin que toute une partie de la classe ouvrière soit composée de ces migrants encore plus à leur merci que les autres travailleurs. Des centaines de milliers d’hommes et de femmes paient par des conditions de vie dégradées des situations de non-droit, des habitats insalubres, des salaires minuscules, le fait que cette Europe se hérisse de barbelés et discrimine toute une partie des travailleurs. C’est un des visages de la barbarie capitaliste.