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Dans les entreprises
Stelia Aerospace : l’activité décolle, les emplois restent au sol
À Méaulte, dans la Somme, Stelia Aerospace, filiale d’Airbus, est une importante société du secteur aéronautique regroupant 1 500 travailleurs auxquels s’ajoutent les centaines de salariés des entreprises sous-traitantes.
La crise sanitaire a été prétexte à une vague de licenciements. Le plan social en cours chez Stelia vise 290 postes. D’autres sous-traitants ont déjà licencié des dizaines de travailleurs, quand ils n’ont pas carrément fermé, comme Simra, dont les 105 salariés se sont retrouvés sur le carreau en mars 2021. En tout, près de 700 emplois ont été détruits sur l’ensemble du secteur aéronautique de la région.
Dès mars 2020, les patrons de ces entreprises se répandaient en déclarations angoissées sur l’avenir funeste du secteur aéronautique. À les entendre, la crise sanitaire, conjuguée à la crise climatique, allait mettre à genoux toute la filière avion pour plusieurs années et la reprise n’était pas envisageable avant fin 2024. La seule solution pour s’en sortir était donc d’accepter de faire des sacrifices « tous ensemble ».
En fait de « tous ensemble », tandis que les patrons du secteur bénéficiaient des milliards de l’État et d’aides de toutes sortes, à commencer par la prise en charge du chômage partiel, les travailleurs étaient mis dehors avec le minimum d’indemnisation. Certaines entreprises essayaient même de leur faire accepter des « arrangements », tels que des licenciements individuels pour faute, plutôt que de supporter les frais d’un PSE ou même d’une rupture conventionnelle !
Aujourd’hui la direction de Stelia chante un autre air, celui de la reprise, que les travailleurs sont censés accueillir avec joie et soulagement. Mais si la reprise de l’activité rime avec reprise des profits et a de quoi donner le sourire dans les bureaux de la direction, ce n’est pas le cas dans les ateliers. Là, elle se traduit en cascades d’heures supplémentaires pour les uns, tandis que d’autres lignes restent en activité partielle, que le PSE court toujours et que des camarades de travail vont se retrouver dehors.
La direction explique qu’elle ne peut embaucher qu’en intérim et doit aller au bout des licenciements car « on ne sait pas comment le marché va évoluer ». Pour les travailleurs, c’est une leçon : baisse ou reprise d’activité, crise ou embellie du marché, la direction fait ce qu’elle veut. Si le maintien des profits nécessite de licencier et de faire travailler plus dur moins de travailleurs, c’est ce que font les patrons. Ils ont une politique et défendent leurs objectifs. Les travailleurs doivent avoir la leur : pas un licenciement, partage du travail entre tous et maintien des salaires, dans un secteur riche à milliards.