La Réunion : contre le passe sanitaire11/08/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/08/P5-1_La_Reunion_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C84%2C900%2C591_crop_detail.jpg

Leur société

La Réunion : contre le passe sanitaire

Samedi 7 août, pour la quatrième fois depuis les annonces de Macron du 12 juillet, des manifestations contre le passe sanitaire, regroupant des milliers de personnes, se sont déroulées dans plusieurs villes à La Réunion.

Illustration - contre le passe sanitaire

Les antivaccins ne sont pas les seuls à vouloir crier leur défiance à l’égard d’autorités plus soucieuses des intérêts des patrons et des capitalistes que de la santé. Dix-huit mois de mensonges, d’approximations assorties de menaces de sanctions, de perte de salaire voire de licenciements ont fait du gouvernement le plus sûr propagandiste contre la vaccination.

Vendredi 6 août au matin, un mouvement de grève illimité a été lancé dans les CHU pour exprimer la forte opposition à l’obligation vaccinale des soignants et à l’interdiction pour les patients ne disposant pas de passe sanitaire de venir se faire soigner à l’hôpital.

Pompiers, personnel soignant, enseignants, parents d’élèves, salariés du public et du privé expriment leurs doutes, leurs interrogations, leur colère, leur désarroi face à la gestion erratique des responsables du gouvernement, du préfet et de l’ARS.

Pour quinze jours, du 31 juillet au 15 août, le préfet a instauré le couvre-feu de 18 heures à 5 heures du matin et le confinement de 5 heures à 18 heures, autorisant les déplacements sur 10 km en semaine et 5 km le dimanche, sauf justificatifs, notamment pour aller travailler. Il est question de prolonger la mesure pour une semaine afin d’atteindre les vingt-et-un jours qui permettent à nombre d’entreprises de prétendre aux aides et indemnisations.

En attendant, le feu vert du Conseil constitutionnel à la suspension du salaire des non-vaccinés a été une douche froide pour les salariés. Sur le marché de Saint-André, le parti pris des panneaux de Lutte ouvrière était approuvé et incitait aux témoignages. La discrimination entre vaccinés et non-vaccinés alimente un malaise attisé par les propos de Blanquer, « évincer les élèves non vaccinés » et de Borne qui affirme, « Oui, il y aura des licenciements ».

Dans les manifestations, à Saint-Pierre et à Saint-Denis, des travailleurs désemparés, syndiqués ou non, ne comprenaient pas l’absence des syndicats. Il faut dire que ceux-là ont fait le service minimum en dénonçant, par communiqué ou voie de presse, les sanctions encourues par les travailleurs mais en étant aux abonnés absents lors des manifestations : le secrétaire général de la CGTR a même fait savoir qu’il était en vacances pour la semaine…

Chacun de leur côté, les politiques et les patrons veulent trouver des causes à la défiance vaccinale. Les patrons et la nouvelle présidente de la région se concertent pour réclamer les aides de l’État.

La maire socialiste de Saint-Denis regrette, avec un mépris de classe tout naturel, le manque de pédagogie à l’égard d’une population de 100 000 illettrés. Le Parti communiste réunionnais creuse le sillon de son nationalisme en affirmant que des vaccins basés sur des technologies maîtrisées depuis des décennies, et donc plus sécurisés, sont utilisés dans le monde mais sont interdits en Europe et donc à La Réunion. Ainsi le terrain est déblayé pour laisser prospérer les croyances les plus farfelues et les plus réactionnaires.

Pour sortir du bourbier il ne suffit pas de dire « Non à Macron ! » sans mettre en accusation la dictature du capital. Contester cet ordre social capitaliste, qui pourrit jusqu’aux progrès scientifiques et technologiques réalisés par l’humanité, est la tâche que la classe ouvrière est seule à pouvoir porter.

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