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États-Unis : un siècle de stérilisation forcée
L’État de Californie vient de reconnaitre sa responsabilité dans la stérilisation définitive et forcée de 20 000 personnes, surtout des femmes, tout au long du 20e siècle. Cette politique violente envers les pauvres a longtemps été pratiquée dans une grande partie des États-Unis, les autorités californiennes étant responsables d’un tiers des victimes.
Ces pratiques barbares étaient cautionnées par un mouvement « eugéniste », particulièrement en vogue dans les années 1920 et 1930, prétendant lutter contre la pauvreté ou le handicap en s’attaquant aux individus considérés comme indésirables et en les empêchant d’avoir des enfants. Les victimes étaient toutes pauvres. Le racisme imprégnant la bonne société, la stérilisation était surtout appliquée aux Noires et aux Mexicaines-américaines, nombreuses en Californie.
Le sexisme s’ajoutant à la haine antipauvre, les filles jugées comme étant de petite vertu ont aussi été visées par ces pratiques. C’est ainsi qu’en 1934, une enfant de treize ans, agressée sexuellement par un voisin et placée ensuite en institution par sa famille, a été stérilisée au nom de son prétendu vice et de sa faiblesse mentale. Un garçon de quatorze ans a subi le même sort, accusé d’être turbulent et brutal, et surtout d’une « mentalité mexicaine de bas étage ».
Parmi les avocats de ces mutilations institutionnelles, on peut citer le propriétaire du grand quotidien Los Angeles Times, le président de la prestigieuse université Stanford ou un psychologue de cette université inventeur des tests de QI (quotient intellectuel) et professant que l’intelligence s’hérite par les gènes. Ces intellectuels justifiaient que l’État envoie des équipes de stérilisateurs écumer les prisons, maisons de correction, hôpitaux, asiles psychiatriques, orphelinats…
Ce n’est qu’en 1979 que la Californie a abrogé ces lois inhumaines instituées en 1909. Mais la pratique est restée en vigueur au moins jusqu’en 2014 dans certaines prisons, où des femmes, ayant donné officiellement leur accord mais en réalité peu informées de l’intervention chirurgicales qu’elles allaient subir, ont été stérilisées.
Après des excuses officielles en 2003, l’État de Californie met à présent la main à la poche en attribuant un budget de 7,5 millions dollars destiné à rechercher les victimes, à ériger des plaques commémoratives et à indemniser à hauteur de 25 000 dollars maximum les 600 survivants de cette pratique barbare. Mais il n’a jamais été question d’inquiéter les responsables de ces horreurs.
Les dirigeants américains ne se sont jamais privés de donner des leçons d’humanité et de civilisation au monde entier. Les stérilisations forcées montrent le genre d’humanisme qu’ils pratiquaient chez eux envers les pauvres.