Après l’assassinat d’un prêtre : ignobles surenchères11/08/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/08/2767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après l’assassinat d’un prêtre : ignobles surenchères

Lundi 9 août, un prêtre catholique, Olivier Maire, a été assassiné dans sa congrégation à Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée. Le meurtrier supposé est un Rwandais, Emmanuel Aayisenga, déjà mis en examen pour l’incendie de la cathédrale de Nantes, le 18 juillet 2020.

Les dirigeants de la droite et de l’extrême droite se sont aussitôt lancés dans une campagne abjecte. « En France, on peut donc être clandestin, incendier la cathédrale de Nantes, ne jamais être expulsé et récidiver en assassinant un prêtre », a ainsi twitté Marine Le Pen quelques minutes après que l’information a été publiée. Les ténors de la droite, en compétition pour l’investiture du parti Les Républicains, n’ont pas été en reste, Xavier Bertrand exigeant que « les étrangers en situation irrégulière soient expulsés sans délai » et Wauquiez jugeant que « cet homme n’aurait jamais dû entrer en France ».

Le meurtrier n’avait pas de titre de séjour et n’était pas expulsable, puisqu’en attente d’un jugement. Il avait fait de la prison puis avait été libéré sous contrôle judiciaire. Il avait expliqué l’incendie de la cathédrale par une persécution diabolique. N’ayant manifestement plus toute sa tête, il venait d’ailleurs de faire un mois de séjour en hôpital psychiatrique. Y a-t-il eu pour sa remise en liberté des erreurs d’appréciation sur sa santé mentale ? C’est possible, mais la psychiatrie n’est pas une science exacte. Les prêtres qui l’avaient accueilli ne l’avaient pas jugé dangereux, pas plus que le juge qui l’avait libéré ou l’hôpital qui l’avait laissé sortir. Les annales judiciaires sont pleines d’exemples de meurtriers récidivistes. Mais lorsque ceux-ci sont bien français et en situation parfaitement régulière, ils intéressent moins les politiciens.

Ceux qui utilisent, en pleine conscience, un fait divers aussi sordide pour faire campagne contre les migrants qui fuient la guerre ou la misère, peuvent être qualifiés de charognards, sans vouloir faire offense aux hyènes et aux vautours.

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