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- Lutte ouvrière n°2765
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Editorial
Macron et les capitalistes veulent nous faire marcher au « pass »
L’Assemblée, à majorité macroniste, et le Sénat, tenu par la droite, ont trouvé un accord pour faire passer la nouvelle loi sanitaire. Le gouvernement en a profité pour refaire un couplet sur l’unité nationale, tandis que les sénateurs de droite vantaient leur « esprit de responsabilité ».
Pour eux, être responsable signifie répondre aux désirs patronaux, et unité nationale veut dire marcher main dans la main contre les travailleurs. Les retouches apportées par les sénateurs le montrent : il a suffi que les patrons des grands centres commerciaux pleurent sur le coût élevé du contrôle du passe sanitaire pour qu’ils en soient exemptés.
Quant aux travailleurs, les sénateurs osent prétendre les protéger en remplaçant la possibilité d’être licencié pour défaut de vaccination par une « simple suspension » sans salaire. Quelle hypocrisie !
Quel travailleur peut se passer de salaire ? La « simple suspension » est un licenciement qui ne dit pas son nom et ne coûte rien au patronat, puisqu’un travailleur refusant la vaccination aura le choix entre vivre sans salaire ou démissionner !
Le patronat est ainsi doté par le gouvernement d’une nouvelle arme contre les travailleurs. C’est même l’État-patron qui donne l’exemple, puisque ce diktat s’exercera pour commencer sur les travailleurs des hôpitaux et d’autres secteurs publics. Une exception notable : les policiers, qui pourront contrôler le passe sanitaire dont ils sont eux-mêmes dispensés. Le gouvernement a trop besoin des forces de répression pour se les mettre à dos.
Pour défendre la vaccination forcée, Macron s’est exprimé dimanche 25 juillet devant les soignants d’un hôpital à Tahiti, avec de l’intérêt collectif plein la bouche. Il faut toute son arrogance pour oser jouer les protecteurs de la santé publique précisément en Polynésie, là où l’État français a procédé à des essais nucléaires pendant trente ans, au mépris de la santé de la population locale.
Le gouvernement prétend faire marcher droit les travailleurs, distribuant les interdictions et les autorisations, invoquant l’intérêt collectif. C’est révoltant !
C’est révoltant pour les soignants, abandonnés dans des hôpitaux sans moyens, traités comme des assassins en puissance, alors qu’on leur demande de venir travailler même s’ils sont cas contact, voire positifs asymptomatiques, tant le personnel manque. C’est révoltant pour les auxiliaires de vie et les aides à domicile, qui se sont occupées seules de personnes âgées isolées durant les confinements successifs. C’est révoltant pour tous les travailleurs, qui se souviennent d’avoir repris le chemin de l’usine alors que l’épidémie faisait rage et qu’il n’y avait même pas de masques, car il n’était pas question pour le patronat de perdre une miette de profit.
Le gouvernement se présente comme l’incarnation de la raison et du progrès scientifique, contre tous les complotismes. Oui, la vaccination pourrait être un progrès, si le capitalisme n’était pas préoccupé par le profit plutôt que par la satisfaction des besoins de l’humanité. Quels que soient les progrès scientifiques ou technologiques, cette logique du profit entrave chaque pas en avant de l’humanité, quand elle ne le transforme pas en catastrophe, et elle alimente la méfiance.
Quel progrès peut représenter cette vaccination, quand tout le système de santé recule, dans un pays aussi riche que la France ? Quel progrès représente-t-elle à l’échelle de la planète, alors que seuls un peu plus d’1 % des Africains ont eu accès à un vaccin ? Pas question pour le gouvernement, si prompt à légiférer contre les travailleurs, d’obliger les laboratoires à lever les brevets. « L’esprit de responsabilité » du gouvernement s’arrête là où commencent les profits des capitalistes.
Des manifestations ont réuni des dizaines de milliers de personnes s’opposant au passe sanitaire. De nombreux travailleurs y ont participé pour exprimer leur colère à juste titre. Mais la plupart de ces manifestations étaient menées au nom de la liberté individuelle. Cela ne peut pas représenter nos intérêts. Dans cette société, la liberté n’a pas le même goût selon qu’on est patron ou travailleur. Si le patronat est libre d’imposer le salaire qu’il veut ou de licencier quand cela lui chante, la liberté du travailleur se réduit à accepter de se plier à ses conditions pour ne pas crever de faim.
Derrière la loi sanitaire, d’autres mauvais coups sont prévus, avec la réforme du chômage et le recul de l’âge de la retraite. Les travailleurs font fonctionner toute la société. Ce sont nos luttes qui permettront d’imposer aux capitalistes et au gouvernement à leur service que la vie des travailleurs, des chômeurs, des retraités, passe avant les profits. Pour que l’intérêt collectif devienne réellement la priorité, c’est à la domination de la bourgeoisie sur l’économie qu’il faut s’attaquer.
Editorial des bulletins d'entreprise du 26 juillet