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Italie : les travailleurs face à l’offensive patronale
C’est par un simple courriel que les 422 travailleurs de l’usine GKN de Campi Bisenzio, près de Florence, ont appris début juillet leur licenciement et la fermeture programmée de l’entreprise. Avec les sous-traitants, ce sont plusieurs centaines de travailleurs qui risquent de perdre leur emploi.
Le cas n’est pas isolé et, en Italie, une véritable vague de licenciements menace. Le 30 juin en effet a pris fin la mesure d’interdiction des licenciements prise par le gouvernement au début de l’épidémie, afin d’éviter que celle-ci ne déclenche immédiatement une crise sociale catastrophique. Elle était complétée par des facilités pour le patronat de recourir à la « cassa integrazione », autrement dit à la mise en chômage partiel du personnel avec des indemnités très réduites. Mais depuis longtemps le patronat faisait pression pour pouvoir de nouveau licencier à son gré. C’est ce qu’il fait maintenant, même si les directions syndicales majoritaires font mine de s’en étonner, en prétendant qu’il s’était engagé auprès d’elles à ne pas abuser.
Le cas de GKN fait scandale parce que le propriétaire de l’entreprise, le fonds spéculatif britannique Melrose, n’a pas estimé nécessaire de faire plus que d’informer les salariés par courriel, ni de se prêter à une quelconque discussion. Mais le patron de Whirlpool n’a pas attendu non plus pour annoncer le licenciement des 340 travailleurs de son usine de machines à laver de Naples, en lutte depuis des mois contre le projet de fermeture.
C’est en particulier parmi les sous-traitants des secteurs automobile et aérien que les cas se multiplient. La GKN de Florence en fait partie, entreprise dont le principal client est le groupe Stellantis, et en particulier les usines Fiat, tout comme l’entreprise Giannetti ruote, spécialisée dans la production de roues et qui vient d’annoncer le licenciement de ses 152 ouvriers. C’est aussi le cas de l’usine Timken de Brescia, spécialisée dans les roulements et qui vient d’annoncer sa cessation d’activité à ses 110 salariés. Fiat-Stellantis de son côté met en place un plan de départs volontaires pour plusieurs centaines de travailleurs.
En fait, ce sont des dizaines d’entreprises qui préparent des licenciements, face auxquels le gouvernement propose tout au plus d’amortir le choc en prolongeant de quelques semaines le recours à la «cassa integrazione».
Le 24 juillet, le collectif des travailleurs de l’usine GKN, désormais réunis en assemblée permanente, a appelé tous les travailleurs se sentant concernés à une manifestation à Florence. Avec des délégations venues de toute l’Italie, ils ont été plusieurs milliers à défiler derrière une banderole proclamant « Insurgeons-nous ! » C’est bien ce qu’il faudra faire, face à ce patronat décidé à faire payer les travailleurs pour le maintien de ses profits, et à un gouvernement complice.