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Leur société
Essais nucléaires : Macron assume le crime
Macron est allé à Tahiti du 24 au 28 juillet, avec au menu de ses discours vaccin obligatoire, montée des eaux, maintien de la présence française et reconnaissance et indemnisation des victimes de trente ans d’essais nucléaires.
Ce voyage, quoi qu’il en dise, fait partie de sa tournée préélectorale. Il a commencé par une visioconférence France-Pacifique avec une quinzaine de dirigeants de cette zone, pour rappeler que l’impérialisme français n’a pas l’intention de lâcher prise. Et les risques de montée des eaux devraient engendrer de bonnes paroles écologiques qui n’engagent pas à grand-chose.
Mais Macron n’a pas manqué l’occasion d’une leçon de plus sur le vaccin, assénée à un parterre de soignants qui connaissent pourtant ce sujet de plus près que lui. Mais c’est son style. Ils se sont donc entendu dire qu’on a « une arme scientifique qu’il faut utiliser, le vaccin ». Il leur a ensuite été reproché le fait que seulement 30 % des personnes soient vaccinées en Polynésie, comme si la dispersion des habitants dans l’archipel, alors que l’hôpital se trouve à Papeete, n’avait pas son importance. La présence d’une guérisseuse, par chance vaccinée, a aussi permis à Macron, après le coup de chapeau à la science, d’en décrocher un autre au savoir ancestral. Un démagogue a besoin de tous les publics.
Il reste le sujet le plus épineux : celui des conséquences désastreuses de trente années d’essais nucléaires, dont huit à ciel ouvert. La fin de la guerre d’Algérie et l’indépendance avaient obligé l’État français à exporter ses essais nucléaires en Polynésie. Commencés en 1966, il y en eut 193 jusqu’en 1996. En conséquence, 170 000 habitants sur 295 000 ont été irradiés, ce qui a provoqué divers cancers. Les Polynésiennes âgées de 40 à 50 ans ont le taux de cancer de la thyroïde le plus élevé du monde.
Face à ce crime d’État, il y a surtout eu de bonnes paroles et peu de choses concrètes. Vingt-cinq ans après l’arrêt des essais nucléaires, on en est encore à discuter de faciliter l’indemnisation des victimes. Mais il n’est pas question de faire toute la lumière sur les causes des cancers. La ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq, a été claire : il s’agit de préserver « certains secrets qui pourraient permettre à des puissances étrangères de progresser vers l’acquisition de l’arme nucléaire ». Allez savoir si elles ne pourraient pas s’en servir au mépris de la santé des populations !
Et derrière la facilitation de l’indemnisation, il y a la menace d’une baisse des indemnités allouées. On parle bien de mettre sur pied un centre anticancer sur place, mais cela a tout de ces promesses qui n’engagent que ceux qui veulent bien y croire.
Bien des Polynésiens aimeraient, eux, que la métropole demande pardon, mais ce n’est pas au programme. Macron veut bien parler de la dette de l’État français à l’égard des Polynésiens, avec des colliers de fleurs autour du cou. Mais pas question de regretter les essais nucléaires et leurs conséquences sur les populations locales et les soldats en garnison.