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Marseille – cité des Flamants : un drame annoncé
Samedi 17 juillet, vers 5 heures du matin, un incendie s’est déclaré dans un immeuble délabré d’une cité des quartiers Nord de Marseille, faisant trois morts et plusieurs blessés graves. Pris de panique, ils se sont défenestrés avant l’arrivée des pompiers. Parmi eux il y avait un enfant de deux ans.
Situé dans la cité des Flamants, un ensemble HLM dont la réhabilitation a commencé en 2005, cet immeuble de 140 logements devait être partiellement détruit. La plupart des locataires ayant déjà été relogés, il n’en restait plus que treize, tandis que les 90 % restants du bâtiment étaient progressivement squattés. Avec la crise du logement et le manque d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile, les appartements vides étaient rapidement occupés par des populations toujours plus démunies. Des marchands de sommeil y avaient installé de jeunes migrants, des sans-papiers, mais aussi des familles sans toit, certaines avec de jeunes enfants, contre de l’argent pour faire des branchements de fortune pour l’eau ou l’électricité.
Quant aux derniers locataires, ils se battaient pour être relogés décemment mais leur bailleur social, 13 Habitat, présidé par Lionel Royer-Perreaut, maire LR du 5e secteur de Marseille, ne leur avait proposé que des logements qu’ils qualifiaient de « pourris ». Subissant en outre l’arrêt complet des ascenseurs depuis décembre dernier pour « raison de sécurité », ils exigeaient d’avoir enfin une proposition acceptable de leur bailleur, qui est le plus important des Bouches-du-Rhône, avec la gestion de 34 000 logements sociaux, et qui aurait dû les reloger depuis des années.
En avril 2021, se sentant totalement abandonnés, ils avaient encore manifesté devant les locaux de 13 Habitat en faisant venir la presse locale. Un retraité diabétique exprimait sa crainte d’un court-circuit et d’un incendie. Une mère de deux adolescentes racontait son calvaire de devoir monter et descendre à pied les étages plusieurs fois par jour pour accompagner ses filles, alors que le trafic de drogue et la prostitution envahissaient le bâtiment. Tous dénonçaient leur bailleur qui ne leur répondait plus au téléphone et ne les contactait que pour leur faire payer le loyer et les charges en cas d’impayés.
Cet incendie, qu’il soit d’origine accidentelle ou volontaire, comme le suggère l’enquête judiciaire, était prévisible. Et la responsabilité en revient d’abord à l’incurie criminelle des pouvoirs publics !