Logiciel Pegasus : barbouzes 2.021/07/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/07/2764.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Logiciel Pegasus : barbouzes 2.0

Un regroupement de journalistes, Forbidden Stories, a publié une enquête internationale sur un logiciel espion, Pegasus, développé par l’entreprise israélienne NSO Group.

Ce logiciel permet de siphonner sans contact l’ensemble des données de n’importe quel téléphone portable.

Il peut être installé à distance sans la moindre action physique, prend le contrôle du micro et de la caméra et capte les échanges, y compris sur des applications cryptées comme Signal ou WhatsApp.

Une dizaine d’États, dont le Maroc, la Hongrie, l’Azerbaïdjan, l’Inde, l’Arabie saoudite ou le Rwanda, ont acheté Pegasus. La monarchie marocaine a mis sur écoute non seulement ses opposants, dont le journaliste Omar Radi qui vient d’être condamné à six ans de prison, mais aussi de nombreuses personnalités étrangères, journalistes, avocats, élus, en contact avec eux. Un millier de téléphones français auraient été espionnés. Ceux de Macron lui-même, de quinze de ses ministres et de toute une brochette de responsables politiques français auraient été piratés. Une telle intrusion est dure à avaler pour les dirigeants français qui entretiennent des relations étroites avec le roi du Maroc, qualifié d’« ami de la France » par tous les présidents successifs, sans la moindre gêne devant les méthodes brutales qu’il utilise contre ses opposants.

La commercialisation de Pegasus se fait sous la houlette de l’État israélien, avec lequel les États clients entretiennent tous de bonnes relations. Vendu comme un instrument de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, ce logiciel a en réalité pour principal usage la traque des opposants politiques. Il a par exemple été utilisé pour piéger Jamal Khashoggi, journaliste assassiné sauvagement en 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

Les États occidentaux, qui protestent contre ces méthodes, pratiquent le même genre d’espionnage à plus grande échelle, y compris contre leurs propres alliés. On se souvient de celui d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy par l’agence américaine NSA, ou des révélations de Wikileaks et d’Edward Snowden sur l’espionnage généralisé des communications sur toute la planète par les services américains et britanniques. Lorsque le renseignement militaire ou la police souhaitent surveiller des militants, le cadre légal ne pèse pas bien lourd.

Pegasus est en quelque sorte la NSA du pauvre. Ces révélations rappellent que, pour les États bourgeois, qu’il s’agisse de prétendues démocraties ou de dictatures avérées, tous les moyens sont bons pour surveiller leur propre population, et au-delà.

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