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Dans le monde
Cisjordanie : l’Autorité palestinienne, gendarme de son peuple
Des manifestations de colère se sont déroulées dans plusieurs villes de Cisjordanie, depuis la mort, le 24 juin, de Nizar al-Banat, militant politique contestant les dirigeants de l’Autorité palestinienne (AP) et particulièrement Mahmoud Abbas, son président.
Tué quelques heures après son arrestation, en pleine nuit, par la police de l’Autorité palestinienne, Banat était connu pour reprocher aux dirigeants de l’AP le climat de corruption qui les entoure. Il s’était porté candidat sur une liste opposante au parti d’Abbas, le Fatah, lors des élections législatives qui devaient avoir lieu dans les Territoires occupés en mai dernier.
Or ces élections, les premières depuis 2006, avaient été annulées fin avril, officiellement en raison des affrontements entre les jeunes Palestiniens et la police israélienne à Jérusalem-est.
Ces élections repré- sentaient visiblement une bouffée d’oxygène pour les Palestiniens des Territoires occupés et de Gaza : en quelques semaines, 93 % d’entre eux, en âge de voter, s’étaient inscrits pour s’exprimer.
De nombreuses listes s’étaient constituées.
La colère de se voir confisquer le scrutin s’ajoutant à toutes les colères accumulées au sein d’une population privée d’avenir, privée d’État propre, sur des terres de plus en plus morcelées par la colonisation israélienne, a déferlé dans les cortèges de Ramallah à Hébron, de Haïfa à Jérusalem en passant par Gaza.
La mort de Banat, succédant à des arrestations d’autres opposants, a mis le feu aux poudres.
Quelques jours auparavant, il avait publiquement dénoncé un accord entre l’AP et le gouvernement israélien.
L’accord prévoyait d’accepter les doses de vaccins presque périmées qu’Israël donnait, en échange de vaccins destinés à la Cisjordanie. Il avait été annulé suite au mécontentement qu’il avait provoqué dans la population palestinienne.
« Abbas dégage », « À bas le régime militaire », « Non aux assassinats politiques », ces slogans ont retenti encore le 3 juillet, lorsque de nombreux manifestants ont conspué Abbas, à proximité du palais présidentiel. Forces de répression et routes bouclées empêchaient l’arrivée d’autres manifestants.
Le régime d’apartheid que la politique des dirigeants israéliens a construit depuis 1967, refusant à la population palestinienne ses droits fondamentaux, traitant ses membres comme des citoyens de seconde zone, multipliant les provocations comme les implantations de colonies et les annexions a trouvé, dans les dirigeants palestiniens nationalistes, du Hamas à Gaza et du Fatah à Jérusalem-est et Ramallah, des alliés objectifs pour tenter de maintenir la révolte récurrente des 5 millions de Palestiniens.
Les dirigeants nationalistes du Fatah et leurs concurrents islamistes du Hamas, se retrouvent à jouer le rôle de gendarme qui leur a été assigné, faute d’offrir des perspectives politiques à la révolte de la jeunesse, et encore moins de l’orienter vers une solution impliquant aussi la population juive d’Israël, deux peuples vivant sur une seule terre.
Gendarmes de leur propre population, en définitive au service de l’ordre que les puissances impérialistes ont imposé dans la région.