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Leur société
La police “retoquée” : matraquez, mais légalement
Le Conseil d’État, saisi par plusieurs associations et syndicats, a jugé illégaux plusieurs points du « schéma du maintien de l’ordre » publié en septembre 2020 par le gouvernement. Castaner en avait été le commanditaire et son successeur Darmanin y avait mis le point final.
Depuis le mouvement des gilets jaunes, le ministère de l’Intérieur a mis noir sur blanc des procédés destinés à intimider les protestataires et à permettre aux policiers et gendarmes d’agir à l’écart des journalistes. La loi Sécurité globale et son article 24 interdisant de filmer des policiers en action étaient dans la continuité de cette logique sécuritaire et répressive.
Le Conseil d’État a donc interdit le « nassage », qui consiste pour la police à encercler des manifestants et à les retenir pendant des heures pour les empêcher de circuler, voire pour opérer des contrôles d’identité ou des arrestations. De même, il a annulé la disposition qui aurait obligé les journalistes à quitter une manifestation après l’ordre donné de la disperser, et à n’autoriser que les journalistes accrédités par le ministère de l’Intérieur à se rendre aux manifestations. Enfin, le Conseil d’État refuse à la police le droit d’interdire le port d’équipements pour se protéger lors d’un défilé, tant de la part de journalistes que de manifestants.
Ce retoquage du ministère de l’Intérieur par le Conseil d’État est au moins une satisfaction morale. Nul doute qu’à la première occasion Darmanin ou son successeur tenteront de remettre en œuvre ce type de mesure. La police et la gendarmerie mobile, quand elles en recevront l’ordre, continueront à utiliser tous les moyens à leur disposition pour étouffer la contestation. Mais, au moins, qu’elles se dispensent de dire que c’est « au nom de la loi ».