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- Lutte ouvrière n°2756
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Dans les entreprises
La Redoute : les affaires en hausse, pas les salaires
La Redoute a vu son chiffre d’affaires exploser avec la pandémie. La PDG, sur les vidéos qui tournent en boucle, s’en vante : « Bientôt le milliard de chiffre d’affaires, mais restez concentrés pour passer à deux milliards… et boire un coup ensemble. »
Mais les retombées pour les travailleurs « héros du quotidien », applaudis par les cadres par écran interposé, ne sont ni sonnantes ni trébuchantes. Alors que les bénéfices tournent autour de 35 millions d’euros, ce qui représente 2 000 euros par salarié et par mois, la direction n’a accordé qu’une prime de 75 euros brut pour trois mois, soit 20 euros net par mois.
À Quai 30, l’usine d’expédition des colis, l’augmentation de la charge devrait entraîner les embauches correspondantes. Mais les travailleurs se rendent compte que c’est bien à leurs dépens que La Redoute fait son beurre. Ainsi par exemple au Picking, sur les 21 postes, la direction voulait il y a quelques mois imposer qu’un seul travailleur occupe jusqu’à cinq postes à lui tout seul.
Aujourd’hui, comme la charge est très élevée et qu’il n’y a pas assez de CDI, la direction a recours à beaucoup de travailleurs intérimaires, qui sont la variable d’ajustement. Ainsi, un jour où une panne de machine a stoppé l’usine, les chefs ont renvoyé tous les intérimaires, une heure avant la fin de poste.
Par contre, pour les deux équipes de week-end, pour faire des économies, la direction mise quasi exclusivement sur les travailleurs embauchés. Alors qu’il a été imposé qu’une rotation ait lieu aux postes les plus pénibles, les chefs voudraient obliger les travailleuses à s’y retrouver affectées trois jours d’affilée !
Samedi 15 mai, le mécontentement est monté. Un débrayage spontané d’une vingtaine de travailleuses s’est organisé. Alors que les chefs affirmaient « C’est dans votre contrat », elles ont rétorqué : « Ce n’est pas dans notre contrat de nous mettre la santé en l’air. Il y a assez de chômeurs dehors ! »
Il a fallu cela pour calmer les chefs et les obliger à répartir autrement le travail et à appeler des intérimaires.
Au dehors il y a trop de chômeurs, et au dedans il y a trop de travail. L’idée qu’il faudrait le partager entre tous fait son chemin.