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Leur société
Guyane : une situation sanitaire dramatique
L’épidémie s’est accélérée en Guyane, avec la diffusion du variant brésilien qui représente 80 % des contaminés.
Le département a été reconfiné pour deux semaines à partir du 14 mai, avec un couvre-feu à partir de 19 heures et toute la journée du dimanche, la fermeture des établissements sportifs, des bars et restaurants ainsi que des commerces dits non essentiels.
Le virus qui fait des ravages depuis près de deux mois de l’autre côté de la frontière, au Brésil, s’est diffusé en Guyane. Dans le secteur Savanes, où se situe la base spatiale de Kourou, le taux d’incidence était déjà nettement supérieur à 400 pour 100 000 durant la première semaine de mai. Il approchait 500 pour 100 000 dans la zone de Cayenne, la capitale.
Mais la proximité du Brésil n’explique pas tout. La Guyane a reçu bien moins de vaccins que la métropole : au 14 mars, celle-ci avait reçu en moyenne une dose pour cinq personnes de 20 ans et plus, contre seulement une dose pour quinze en Guyane. Mi-avril, les livraisons étaient encore moitié moindres que la moyenne nationale. Un mois plus tard, les chiffres commencent tout juste à s’en rapprocher. Et la Guyane n’a pas seulement manqué de vaccins. Elle manque de tout, comme bien d’autres territoires issus de l’empire colonial français. 44 % des Guyanais vivent dans un désert médical, et plus de 40 000 personnes n’ont même pas d’accès direct à l’eau potable. En urgence, 35 militaires ont été envoyés pour soutenir les soignants et ouvrir six lits de réanimation supplémentaires. C’est dérisoire au regard des besoins et aussi de ce que devrait fournir comme aide médicale un pays riche comme la France. C’est tellement choquant qu’il y a un an, face à l’absence de moyens venus de métropole, les autorités locales avaient voulu faire appel aux médecins cubains. La lutte contre cette nouvelle vague ne reposera donc que sur les restrictions imposées à la population et sur le dévouement des soignants.
L’État français sait mettre les moyens nécessaires à l’entretien de sa base spatiale de Kourou d’où décollent les fusées Ariane mais, face à l’épidémie, il laisse les Guyanais livrés à leur sort, quasiment comme dans les villes pauvres du Brésil voisin.