Birmanie : Total complice de la dictature05/05/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/05/P8-2_Total_Birmanie_OK_lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C109%2C900%2C616_crop_detail.jpg

Dans le monde

Birmanie : Total complice de la dictature

Des documents de l’administration birmane ayant fuité au lendemain du coup d’État du 1er février viennent de jeter une lumière crue sur les liens existant entre le groupe Total et la dictature militaire.

Illustration - Total complice de la dictature

En réalité, cela fait longtemps que ces liens sont dénoncés. De multiples rapports ont déjà fait état de la façon dont Total et son partenaire américain Chevron ont développé leurs activités en Birmanie grâce à l’appui de la dictature militaire : exécutions, travail forcé, expropriations expéditives de terrains… En contrepartie, la junte prélève sa part des bénéfices de l’exploitation gazière. Les documents révélés récemment apportent des informations sur les modalités de cette collaboration financière.

Depuis 1998, Total et Chevron exploitent un gisement de gaz au large des côtes birmanes. Les mêmes sont aussi les principaux actionnaires de la société propriétaire du pipe-line acheminant le gaz vers la Thaïlande, la Moattama Gas Transportation Company (MGTC). En facturant le transport à un coût très élevé, ils organisent ainsi un simple transfert d’une de leurs poches à une autre. Mais cela leur permet de diminuer les redevances dont ils s’acquittent au titre de l’exploitation des ressources gazières du pays. La MGTC étant basée dans le paradis fiscal des Bermudes, profits et dividendes échappent aussi à toute imposition. C’est donc tout bénéfice, en premier lieu pour les actionnaires de Total et de Chevron, mais aussi pour les militaires. En contrôlant une société publique, elle aussi actionnaire de la MGTC, ils ont pu empocher chaque année des sommes supérieures aux budgets de la Santé ou de l’Éducation du pays.

Depuis le 1er février, rien n’a changé. Total apporte ainsi son soutien financier aux militaires putschistes qui mènent une répression sanglante pour tenter de venir à bout de la contestation. D’après une ONG, plus de 700 personnes auraient été tuées, et plus de 3 500 seraient emprisonnées.

Mais rien de tout cela n’est susceptible de troubler les dirigeants de Total. Interrogés à propos du système de financement révélé par les médias, ils se sont contentés de déclarer qu’il s’agissait d’un schéma classique. En effet le pillage des ressources, la corruption des dictateurs, la répression des opposants, tout cela est très classique pour les dirigeants et actionnaires de groupes comme Total.

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