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Leur société
Mayotte – La Réunion : face au Covid, des moyens dérisoires
L’infrastructure hospitalière de Mayotte est débordée par les malades du coronavirus. Depuis le 5 février le ministère de l’Outre-mer a décidé trois semaines de confinement total de l’île, prolongées désormais jusqu’au 15 mars. Le taux d’incidence était passé en un mois de 50 à 415 pour 100 000 habitants, avec la présence des variants anglais et sud-africain.
Fin février, 57 malades avaient dû être transférés de Mayotte vers les hôpitaux de La Réunion, à 1 500 kilomètres, où l’épidémie est aussi en forte progression. Au risque de diminuer la prise en charge de malades hors Covid, huit salles d’opération ont été fermées dans deux hôpitaux, pour augmenter les capacités de réanimation.
La Réunion avait été relativement épargnée jusqu’en janvier. Jusque-là, en gros, seuls les gestes barrières, le port du masque, l’interdiction des réunions de plus de six personnes et le test PCR négatif pour les arrivées à l’aéroport avaient été imposés. Mais depuis un mois le couple préfet/ARS prend des mesures un peu dans tous les sens, comme le port du masque obligatoire dans les écoles, le couvre-feu de 22 heures à 5 heures et l’exigence de motifs impérieux de déplacement dont les conditions sont opaques, mesures assaisonnées de prêches moraux.
C’est dans ce contexte que se sont produites des manifestations d’hostilité aux « evasans » (évacuations sanitaires) en provenance de Mayotte. Le 25 février, la directrice de cabinet du préfet a ainsi répondu : « Les centres hospitaliers de La Réunion n’appartiennent pas aux Réunionnais, ils appartiennent à la France, ils appartiennent à tout le monde et ils fonctionnent au quotidien pour les patients mahorais, mais aussi pour tous les Français de l’océan Indien. » Elle ajoutait : « Quatre patients évacués par jour, c’est le contrat de confiance entre l’ARS de Mayotte et l’ARS de La Réunion. »
Une bonne leçon de morale, cela ne coûte rien. Mais où sont les moyens pour faire face à la pandémie qui sévit depuis un an ? Le deuxième hôpital de Mayotte, en construction depuis cinq ans et non achevé, ouvre des salles vides qui sentent la peinture fraîche à un renfort de 35 soignants venus de métropole, pour une mission d’un mois. « Là, nous avons juste des murs et nous avons amené avec nous en urgence un tout petit peu de matériel pour la réanimation, la biologie, l’échographie » : c’est ainsi que la médecin-chef décrit la situation.