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Dans les entreprises
Continental – Sarreguemines : Débrayages spontanés contre les baisses de salaire
Des débrayages spontanés de trois heures se sont produits tout le long du week-end des 27 et 28 février dans les équipes de VSD de l’usine Continental de Sarreguemines.
Inaugurés par les travailleurs de l’Entretien sur des problèmes de classification, mais qui au bout du compte touchent les salaires, les débrayages se sont vite étendus aux autres ateliers, cette fois pour protester directement contre la baisse des salaires annoncée par la direction.
En effet, en jouant sur le statut précaire des primes d’intéressement, participation et autres, qui représentent 40 % du salaire total des salariés de l’usine, la direction a officialisé une baisse de 2 200 euros sur ce qu’elle aurait dû verser. Elle en a même rajouté en annonçant le vol de deux jours de congés, pris autoritairement sur les congés principaux, pour financer deux jours d’arrêt de l’usine en mars. Ce vol sur les salaires revient à une baisse de 10 %, l’équivalent de 200 euros mensuels, et pourtant les syndicats unanimes sont restés totalement muets sur le sujet, seul le bulletin Lutte ouvrière en informant les travailleurs de l’usine.
Après un certain temps, encouragés par le débrayage de l’équipe de l’Entretien, les autres salariés de VSD ont décidé de débrayer à leur tour. Les deux équipes de VSD, totalisant de 300 à 400 salariés, sont passées à l’action atelier par atelier, de l’Inspection à la Vulcanisation, etc. S’il n’y a pas eu jonction effective des travailleurs, bien souvent ils se sont coordonnés spontanément entre eux, ce qui a abouti à la paralysie totale de la production. Affolés, les responsables de l’usine, cheffe du personnel, chef de fabrication ou autres cadres, sont sortis de chez eux, ont annulé leurs congés pour tenter de reprendre en main la situation. Évidemment leurs arguments portaient sur « la difficile situation de Continental », « la baisse des commandes » (invisible sur le terrain). Ces jérémiades sur les malheureux actionnaires ont entraîné des répliques cinglantes des travailleurs. Et pour cause : Continental a engrangé des dizaines de milliards de profits ce dernières années et est loin d’être aujourd’hui en déroute.
Si les dirigeants des syndicats locaux se sont montrés complices de la direction, des militants de base ne l’entendent pas forcément de cette oreille et ont participé, voire ont été à l’initiative de ces actions. Le premier objectif des 1 700 travailleurs de l’usine est d’exiger l’intégration de ces primes aléatoires dans le salaire et que les 2 200 euros leur soient rendus sous cette forme. Ce qui s’est passé en VSD a changé d’un coup le climat dans l’usine et il reste à savoir quand et comment la majorité de l’usine se joindra à l’action.
La direction a convoqué mardi 2 mars une réunion extraordinaire de CSE, à l’issue de laquelle elle a annoncé le versement d’une prime exceptionnelle et unique de 200 euros.
Elle cherche visiblement à éteindre ainsi le début d’incendie, et les dirigeants syndicaux de l’usine sont prêts à l’y aider.