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Birmanie : la population défie les militaires
Selon les Nations unies, au moins 18 manifestants ont été tués en Birmanie dimanche 28 février par les militaires. Malgré une répression de plus en plus violente, l’opposition populaire au coup d’État militaire du 1er février n’a cessé de prendre de l’ampleur.
En renversant le gouvernement civil et en arrêtant Aung San Suu Kyi, dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) qui venait de remporter les élections législatives, les militaires voulaient s’assurer de conserver leur mainmise sur les institutions politiques et à travers elles, sur une grande partie de l’économie. Leur coup de force a suscité une mobilisation sans précédent dans ce pays de 54 millions d’habitants.
Depuis un mois, initié en particulier par la LND, cette opposition aux militaires prend la forme d’un mouvement de désobéissance civile, avec l’organisation quotidienne de rassemblements, de manifestations ou de barrages de routes. Lundi 22 février, des manifestations particulièrement massives ont réuni des centaines de milliers de personnes défilant derrière des mots d’ordre tels que : « Libérez nos dirigeants », « Respectez nos votes », «Rejetez le coup d’État ». L’appel à la grève générale a été très suivi à Rangoon, la capitale économique, et dans d’autres centres importants, une grande partie des commerces fermant leurs portes et de nombreuses entreprises restant à l’arrêt.
Pour décourager les manifestants, les généraux ont intensifié le recours à la force, utilisant des gaz lacrymogènes, des canons à eau, des balles en caoutchouc, des tirs à balles réelles. L’AAPP, une organisation non gouvernementale d’assistance aux prisonniers politiques, a dénombré une trentaine de morts dans les rangs des manifestants depuis un mois. Plus d’un millier de personnes ont été interpellées, inculpées ou condamnées depuis le coup d’État, selon la même source. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment des cheminots, des fonctionnaires et des employés de banque qui ont cessé de travailler pour manifester leur opposition à la junte.
Le coup d’État du 1er février a refermé une brève parenthèse dans la longue série des juntes militaires, qui avait été ouverte par l’accession au gouvernement en 2016 d’Aung San Suu Kyi. L’armée a eu d’autant moins de mal à mettre un terme à cette prétendue transition démocratique que, face à elle, Aung San Suu Kyi n’a cessé de s’incliner devant ses exigences, allant jusqu’à justifier les massacres parmi la population musulmane des Rohynghas. Si la LND appelle aujourd’hui à des mobilisations, elle a montré dans le passé qu’elle ne compte nullement s’en servir pour s’en prendre aux bases du pouvoir militaire.
Le seul espoir de changement véritable réside dans ces mobilisations, surtout si les travailleurs s’en emparent et ne se contentent pas de servir de masse de manœuvre aux différents partis bourgeois.