Sans-papiers : esclavage moderne dans le Finistère13/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2737.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-papiers : esclavage moderne dans le Finistère

Trois travailleurs sans papiers de la région de Morlaix dans le Finistère, employés dans une entreprise de ramassage de volailles, dénoncent leur situation qui fait suite à la liquidation de leur entreprise et à leur licenciement.

Avec l’aide de la CGT, ils se sont organisés pour demander la reconnaissance de leurs droits et la régularisation qui leur avait été promise.

En effet, pendant plusieurs mois, des travailleurs sans papiers, dont beaucoup originaires de Côte d’Ivoire, ont été exploités dans les pires conditions au ramassage de poules, poulets et dindes, sous la menace de renvoi dans leur pays s’ils parlaient.

Sur 23 salariés employés dans cette entreprise de ramassage de volailles, selon la direction du travail, 17 étaient sans papiers. Chaque nuit des fourgons les amenaient sur leurs lieux de travail, des élevages de volailles disséminés dans la campagne finistérienne. Ils passaient souvent toute la nuit à mettre les volailles en cage, avec un local de pause sans eau ni chauffage. Sur douze heures de présence, on ne leur en payait que six ou sept, le temps de trajet sur les chantiers n’étant pas pris en compte.

Il y avait d’un côté un contrat de travail, des fiches de paye et même un numéro d’adhérent à la MSA (mutuelle sociale agricole), de l’autre une promesse de régularisation auprès de la préfecture… qui n’a jamais été effectuée.

Exploités, sous-payés par des patrons esclavagistes des temps modernes, ils devaient aller travailler alors que certains d’entre eux étaient positifs au Covid-19. Quant à être logés, c’était dans des appartements insalubres, dont le loyer était prélevé directement sur leur maigre salaire.

Ce chantage a continué jusqu’à la fermeture de l’entreprise. Lorsque ces travailleurs se sont retrouvés sans emploi, ils ont décidé de se défendre. L’enquête menée par la direction du travail, étendue à plusieurs entreprises finistériennes de ramassage de volailles, a montré que leur cas n’est pas unique. L’emploi de travailleurs sans papiers est assez répandu dans le secteur de l’agroalimentaire. Plusieurs dizaines de travailleurs immigrés dans ce cas seraient ainsi employés en toute illégalité.

Ce scandale a été porté sur la place publique grâce à la détermination de quelques travailleurs sans papiers qui ont décidé de rompre le silence. L’union locale CGT appelle mardi 19 janvier à Morlaix à une manifestation à laquelle Lutte ouvrière s’associe pour la régularisation de tous les sans-papiers.

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