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- Lutte ouvrière n°2737
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Dans les entreprises
Monier – Signy-l’Abbaye : les travailleurs mobilisés
Les travailleurs de Monier, petite usine automatisée de 98 salariés fabriquant des tuiles à Signy-l’Abbaye, dans les Ardennes, appartenant au groupe multinational BMI spécialisé dans la toiture, se sont mis en grève lundi 4 janvier.
Il s’agissait de soutenir deux de leurs collègues à qui la direction voulait imposer de nouvelles dispositions de travail liées à un nouveau plan de réorganisation des équipes. Depuis six mois, elle refusait d’appliquer une préconisation médicale concernant l’un des ouvriers au poste d’empilage de tuiles, prétextant « une mise en péril de l’entreprise » si elle accédait à sa demande de changement d’équipe. Rien que cela ! Le salarié a été invité à prendre une feuille d’arrêt maladie s’il ne se sentait pas prêt à reprendre le travail aux conditions imposées par la direction, cela alors que son état de santé est jugé préoccupant par la médecine du travail.
Plusieurs rassemblements de solidarité avec ce travailleur ont eu lieu, sous le regard dédaigneux de la direction qui n’a rien voulu céder. Pour elle, il est hors de question que les salariés aient leur mot à dire sur l’organisation du travail.
Le nouveau plan de réorganisation a provoqué d’autres réactions. Ainsi, un ouvrier ne comprenait pas son brusque passage en équipe de jour.
En effet le poste occupé par lui en équipe de nuit depuis des années devait dorénavant l’être par un intérimaire. Ce changement d’équipe, au passage, lui imposait une perte de 400 à 500 euros.
Face au mépris et à l’hypocrisie de la direction, une trentaine de salariés ont donc monté un piquet de grève le lundi 4 janvier à 0 heure. Ils ont cherché à mobiliser leurs collègues également sur les conditions de travail et les salaires. De fait, dans cette réorganisation, toute la rapacité des patrons éclate au grand jour, eux qui pour augmenter leurs profits sont prêts à réduire de manière considérable le salaire ouvrier en utilisant tous les prétextes.
Des grévistes se sont relayés jour et nuit au piquet pour maintenir la pression sur la direction les jours suivants, et ils ont également contacté la presse ainsi que le préfet. Au bout de cinq jours de mobilisation, la direction a dû céder, les deux salariés ont pu être affectés aux équipes qu’ils demandaient.
Au-delà de la satisfaction d’avoir gagné sur la réintégration de leurs collègues, c’est une victoire morale pour ceux qui sont entrés en lutte. Cela les renforce et devrait encourager tous les autres travailleurs pour les luttes à venir, y compris pour les revendications salariales qu’il faudra arracher.