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- Lutte ouvrière n°2736
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Dans les entreprises
Stef – Montbartier : les “invisibles” se font voir
Stef Logistics, situé à Montbartier dans la banlieue de Montauban, s’occupe de la logistique de 180 magasins du groupe Intermarché sur la région. Ils sont environ 250 salariés sur le site, dont beaucoup conduisent des transpalettes à longueur de journée, souvent dans des hangars frigorifiés à -20°C. Les salaires sont au smic, les conditions de travail rudes.
Depuis le début du confinement, l’entreprise travaille à plein régime, pour alimenter toutes les grandes surfaces, et accumule les heures supplémentaires, parfois non payées. Le 16 décembre, les travailleurs ont décidé de réagir, boostés par la grève menée par leurs voisins du site logistique XPO. En effet, les travailleurs de ce site qui s’occupent de la logistique du groupe Action de la région avaient, au mois de novembre, après dix jours de grève, obtenu gain de cause sur diverses revendications, notamment salariales : la promesse d’une augmentation de 50 euros par mois et d’une prime exceptionnelle de 50 euros par mois pendant un an.
Le mouvement de grève des travailleurs de la Stef comptait près de 150 grévistes les premiers jours. Ils réclament une hausse des salaires de 400 euros et la fin du management « par la terreur ». La direction ne donnant pas signe de vie, les grévistes ont décidé le 18 décembre de bloquer le trafic des semi-remorques et provoqué la rupture des livraisons dans les magasins Intermarché de la région. La perte estimée, selon la direction, a été de 800 000 euros de nourriture. Les dates limites de consommation des produits approchant, les directions de Stef et Intermarché ont décidé de donner gratuitement ces produits à différentes associations. Cette « générosité » patronale est à mettre assurément à l’actif des grévistes.
Le 24 décembre, suite à la saisine des patrons de la Stef, le tribunal leur a donné raison, et ordonné le déblocage. Les travailleurs, malgré les pressions de la direction, étaient au bout de vingt jours toujours en grève, multipliant les actions pour faire connaître leur mouvement : opération escargot, manifestations, rencontres sur les marchés. Lundi 4 janvier, une trentaine de grévistes de la Stef ont manifesté devant la préfecture de Montauban.
Comme le dit une gréviste : « Au travail, nous sommes des invisibles. Ce n’est que lorsqu’on se met en grève qu’on devient visibles. » À ce jour, la direction propose une prime de 150 euros, mais le compte n’y est pas.