Nos lecteurs écrivent Amazon : “serial destroyer”06/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2736.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent Amazon : “serial destroyer”

J’ai travaillé plusieurs mois en intérim dans l’entrepôt Amazon de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. La majeure partie de l’activité consiste à préparer les commandes à livrer, mais j’ai aussi été amené à travailler trois semaines dans un secteur appelé Destroy. Comme son nom l’indique, il s’agit de… détruire des marchandises.

Les articles qui viennent au Destroy sont des invendus, parfois endommagés, mais aussi des articles neufs dans leur emballage d’origine. En effet ces articles occupent de l’espace dans la zone de stockage – un service qu’Amazon facture aux commerçants. Ceux-ci peuvent récupérer leurs invendus, mais il leur faut payer la main-d’œuvre et le transport. Plutôt que de payer ces frais, bien des commerçants préfèrent faire détruire leurs marchandises par Amazon.

Les articles arrivent sur une chaîne automatisée. Il faut les scanner, puis les trier. Jusqu’à récemment, tout partait à la broyeuse. Depuis quelques mois, certains échappent à la destruction, parfois pour être donnés à des associations. Mais on détruit toujours beaucoup d’articles : chargeurs de portable, décorations, portefeuilles, sacs, écouteurs, accessoires de sport… J’ai même dû détruire une coque pour portable, alors que j’avais commandé le même modèle sur le site Amazon !

Lors de mon premier jour dans ce secteur, nous étions plusieurs à être choqués de devoir faire ce travail. Une collègue, les larmes aux yeux, constatant qu’elle devait broyer un mixeur alors qu’elle n’en avait pas chez elle, a craqué et a demandé à changer de poste. Beaucoup ne supportent pas cette tâche. À passer la journée à broyer des articles neufs, dont on a parfois besoin soi-même, il y a de quoi être dégoûté ! Pour les patrons, mieux vaut détruire que vendre en dessous du prix du marché – ou, pire, donner à ceux qui en ont besoin. C’est le capitalisme qu’il faut passer à la broyeuse !

Partager