Loi sur la santé au travail : le patronat dédouané06/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2736.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi sur la santé au travail : le patronat dédouané

Des députés LREM ont déposé une proposition de loi sur la santé au travail, qui reprend les principales dispositions de l’accord national interprofessionnel discuté par les syndicats et le patronat pendant plusieurs mois.

Il s’agirait, selon les députés, d’améliorer la prévention des risques dans le milieu professionnel et d’éviter les maladies et les accidents liés au travail. En 2019, 655 715 accidents du travail ont été déclarés à l’Assurance maladie, qui a également reconnu 50 392 maladies professionnelles. Ces chiffres sont en hausse, et vont peut-être même au-delà car tous les travailleurs connaissent bien la pression patronale pour réduire le nombre de ces déclarations. Face à cette situation, le manque de médecins et d’inspecteurs du travail est criant.

Constatant cette pénurie, tout en refusant d’y remédier, les députés proposent notamment de créer un « passeport prévention ». Celui-ci devrait recenser les formations sur la santé au travail suivies par les travailleurs. Une façon de faire croire que les accidents et les maladies professionnelles seraient dus au manque de formation des salariés. Ils seraient par conséquent de la responsabilité des travailleurs, qui n’auraient pas respecté les fameuses formations de prévention. Lesquelles se garderont bien d’expliquer comment lutter contre la rapacité patronale, qui pousse à augmenter sans cesse les cadences, à allonger les horaires de travail, à ne pas changer le matériel usagé.

Les autres mesures de cette proposition de loi sont tout aussi inconsistantes, comme la création de « cellules » pour « éviter la désinsertion professionnelle » (en période de chômage de masse, on se demande bien ce que ça peut vouloir dire), ou encore le partage des fichiers médicaux entre les médecins de ville et les médecins du travail. Tout cela relève en fait de la même logique : ne rien dépenser pour garantir la santé des travailleurs.

Ceux-ci devront forcer le patronat à embaucher massivement pour réduire les cadences, avoir accès aux informations sur les produits et le matériel utilisé, surveiller l’application des mesures… Ils ne pourront compter que sur eux-mêmes pour ne pas perdre leur vie à la gagner.

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