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Dans le monde
Lufthansa : emplois en chute libre
Le groupe aérien Lufthansa, le plus important d’Europe, annonce la suppression de 29 000 emplois d’ici la fin de l’année. Cela représente un quart de l’effectif du groupe qui, outre la compagnie allemande Lufthansa, regroupe Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines.
Sa direction, tout comme le syndicat Ver.di, qui a donné son aval au plan de destruction d’emplois, expliquent ne pas avoir le choix, la crise sanitaire faisant perdre un million d’euros toutes les heures au groupe. Ver.di présente comme un moindre mal un accord selon lequel les travailleurs de Lufthansa renoncent à leurs primes de vacances et à toute augmentation de salaire d’ici 2021 ! En échange, la direction ne s’engage à rien, si ce n’est à différer les 10 000 suppressions de postes prévues pour l’Allemagne, qui seraient repoussées à mars 2022.
Lufthansa a pourtant été arrosée de milliards par l’État allemand. En juin dernier, la direction a reçu neuf milliards sous forme de prise de capital et de prêt, non sans avoir, dans un premier temps, donné de la voix contre l’entrée de l’État au capital du groupe. Le PDG, Carsten Spohr, deuxième au hit-parade des patrons du secteur aérien les mieux payés d’Europe, avait alors déclaré : « Lufthansa a connu les trois meilleures années de son histoire d’entreprise. Si elle veut réussir à l’avenir, elle doit continuer de pouvoir façonner son sort de manière entrepreneuriale. » Un langage managérial traduit plus directement par celui qui était alors le premier actionnaire du groupe, le milliardaire Heinz Hermann Thiele, qui expliquait sa réticence à voir l’État fédéral entrer au capital de l’entreprise à hauteur de 20 %, en disant redouter que le gouvernement s’oppose aux coupes claires dans les effectifs.
Le voilà sans doute rassuré : ni les milliards d’argent public offerts à Lufthansa, ni la présence de l’État en tête de file des actionnaires ne l’empêchent de sacrifier des dizaines de milliers d’emplois au maintien des profits.