Fonderies du Poitou – Ingrandes : Renault et Liberty peuvent payer !09/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2732.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou – Ingrandes : Renault et Liberty peuvent payer !

Les travailleurs de la fonderie Fonte d’Ingrandes, dans la Vienne, quasiment à l’arrêt depuis des mois, ont appris il y a quinze jours la décision de Renault, de qui dépend toute l’activité de leur usine, de ne pas attribuer le carter fonte-essence nouvelle génération au site d’Ingrandes.

Cette pièce devrait être faite en Espagne et le carter M9 serait quant à lui attribué à l’Allemagne. Cela signifierait la condamnation à plus ou moins brève échéance de la fonderie elle-même, comme le redoutaient les travailleurs. Depuis septembre, la production prévue pour 2021 a en effet été quasiment réalisée et immédiatement expédiée pour être stockée ailleurs. Par ailleurs, certains carters encore fabriqués actuellement sont en fin de vie du fait, selon les patrons, de la baisse importante des motorisations diesel.

Dès cette annonce et celle d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) par la direction locale, les travailleurs se sont mis en grève mercredi 25 novembre, avec piquet devant l’usine et blocage des magasins d’expédition des pièces des deux fonderies, Fonte et Alu, qui partagent le même site. Le mouvement s’est poursuivi jusqu’au lundi 7 décembre.

En octobre 2018, un nouveau repreneur, Liberty, avait acquis ces deux fonderies, à l’avenir déjà incertain. Renault l’avait choisi et avait exigé alors le dépôt de bilan des deux fonderies et la mise en place d’un PSE, avec des licenciements. À présent, Renault a fait ses comptes et décidé de choisir un fournisseur censé être plus rentable que Liberty. Les pouvoirs publics, supposés suivre l’affaire au travers d’un comité interministériel, ont aussi déclaré, sans surprise, leur impuissance en entérinant cette décision lundi 30 novembre.

Cela a fait encore monter d’un cran la colère des travailleurs, une colère à la hauteur du mépris des patrons, alors que leurs représentants syndicaux s’évertuaient à rechercher de nouveaux repreneurs ou à convaincre les patrons de rapatrier les productions en France, donc de supprimer les emplois des travailleurs espagnols ou allemands.

Vendredi 4 décembre, les dirigeants de Liberty et de Renault ont donc confirmé que la fonderie Fonte serait définitivement fermée en juin 2021 et que Renault s’engageait à maintenir une production de carters et les salaires pour les six mois à venir. La première réunion de mise en place du plan de licenciements, qui concerne 292 salariés, devrait se tenir le lundi 14 décembre, pour discuter des mesures de reclassement et des primes extralégales proposées par Renault et Liberty.

Pour les organisations syndicales, l’objectif est de négocier de bonnes mesures et d’appeler au besoin à la mobilisation afin de faire pression pour un meilleur accord. Pour les travailleurs, il s’agit de mettre à profit les mois à venir pour se faire craindre des patrons, en recherchant la solidarité des travailleurs de la fonderie voisine de l’Alu qui, pour l’instant, ont encore de l’activité et qui sont sur le même site, leurs ateliers sous les mêmes toits, et avec le même patron, Liberty.

Les centaines de travailleurs qui vont se retrouver sans emploi représentent une force qui, si elle en entraîne d’autres, peut se faire craindre des patrons licencieurs et des responsables de ce désastre que sont de grands groupes comme Renault ou Liberty.

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