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UE – Sénégal : pêche durable et vol qualifié
Le Parlement européen a adopté le 11 novembre un « accord de partenariat pour une pêche durable » avec le Sénégal. Les attendus en sont idylliques, d’une belle couleur verte, humaniste, équitable, ce qui a entraîné un vote quasi unanime.
L’Union européenne s’engage à subventionner, à hauteur de deux millions d’euros chaque année, les méthodes de contrôle des pêches, de lutte contre la pêche illégale et d’appui à la pêche locale sur les côtes sénégalaises. En échange, le Sénégal autorise 28 thoniers-congélateurs et 15 autres navires européens à prélever chaque année 10 000 tonnes de thon dans ses eaux. Deux chalutiers sont également autorisés à venir y pêcher annuellement 2 000 tonnes de merlu.
Les deux millions d’euros versés par l’UE, alors que la seule capture du thon représente au moins une valeur de douze millions d’euros, serviront en fait à protéger les intérêts des pêcheurs européens, en leur garantissant le monopole de la pêche hauturière dans la zone. Les pêcheurs locaux ne verront évidemment pas la couleur des subventions, qui seront versées à l’État. Ils continueront en revanche à voir passer les bateaux-usines qui vident leurs eaux et les mettent au chômage. L’argument partagé par les autorités européennes et sénégalaises affirmant que pêcheurs artisanaux et industriels ne visent pas les mêmes espèces est fallacieux : l’activité des bateaux usines détruit tout. Les pêcheurs européens le savent bien, qui refusent que de tels bâtiments travaillent dans leurs eaux.
La clause du traité qui stipule que 25 % des équipages des bateaux européens doivent être constitués de travailleurs locaux ne dit rien sur leurs salaires et, de toute façon, leurs emplois ne compensent pas ceux perdus par les pêcheurs artisanaux. Sur cette côte du Sénégal, les pirogues qui ne peuvent plus partir en pêche sont utilisées autrement. Elles emportent aux Canaries, îles espagnoles distantes de 1 400 km, les pêcheurs sans travail qui veulent tenter l’aventure de l’immigration vers l’Europe. Des milliers l’ont tentée, des centaines en sont morts, dont on retrouve les corps poussés à terre par les courants.