Les dirigeants de Total tentent ainsi de se faire passer pour des bienfaiteurs, en faisant miroiter 1 500 embauches à des jeunes que la crise tient à l’écart du marché du travail. En passant, ils passent pour de bons élèves auprès du gouvernement, qui multiplie les déclarations et fait semblant d’agir contre le chômage des jeunes.

La réalité est tout autre. En faisant partir des salariés parmi ceux qui ont le plus d’ancienneté, et en admettant que le groupe embauche des jeunes à leur place et poste pour poste, Total ne fera pas que rajeunir la pyramide des âges de ses employés, il fera aussi de substantielles économies sur la masse salariale. Car les salaires à l’embauche sont bien plus bas que ceux des partants.

La CGT, qui ne croit pas à une opération neutre sur le plan des effectifs, craint que le plan de départs volontaires n’aboutisse en fait à la suppression de 700 postes de travail. Soit un poste remplacé sur deux et une fonte de plus de 4 % de ses effectifs en France.

Par ailleurs, Total a récemment annoncé la fin de l’activité de raffinage de pétrole sur le site de Grandpuits, en Seine-et-Marne, ce qui entraînera la disparition d’au moins 150 emplois. Et au cours de l’été, Hutchinson, filiale de Total, a aussi prévu autour de 800 suppressions d’emplois.

Total fait payer aux travailleurs le yoyo des cours du pétrole sur les marchés boursiers mondiaux. En 2020, le prix du baril est passé de 68 dollars en début d’année à 20 dollars en mai, pour remonter actuellement à 42 dollars. En conséquence, Total a essuyé des pertes cette année, mais a déjà renoué avec les bénéfices au troisième trimestre.

Les dirigeants de Total sont payés pour que les actionnaires ne subissent aucune perte de revenu, quels que puissent être les soubresauts de l’économie capitaliste. Le dividende par action est resté stable en 2020 comparé à l’an dernier, après avoir régulièrement augmenté au cours des dix dernières années. Ainsi le groupe pétrolier devrait verser plus de 7 milliards d’euros à ses actionnaires cette année. Ce n’est pas la crise pour tout le monde.

Il y a, dans ces sommes extravagantes réservées à la grande bourgeoisie, non seulement de quoi maintenir tous les emplois, mais même de quoi en créer massivement.