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Dans le monde
G 20 : habituel sommet d’hypocrisie
L’Arabie saoudite a présidé pour la première fois le sommet G20 qui regroupe les vingt pays les plus puissants de la planète, représentant 90 % du PIB mondial et 80 % du commerce international. Le royaume saoudien est le seul pays arabe membre de cette organisation.
Des ONG ont dénoncé à cette occasion la dictature que ce pays impose à sa population et aux femmes en particulier, où des féministes sont toujours emprisonnées et où des opposants sont assassinés.
Son dirigeant, Mohamed Ben Salman, MBS, aurait été déçu que la réunion se tienne en visioconférence, Covid oblige, lui qui voulait saisir cette occasion pour redorer son blason, disent les médias. En réalité, le dictateur saoudien compte surtout attirer des investissements, le pétrole ne rapportant plus autant, du fait du ralentissement de l’économie mondiale. C’est donc plutôt d’une opération commerciale qu’il est question.
L’objectif serait, entre autres, d’augmenter la participation du secteur privé au PIB de 30 % à 60 % en 2030. D’après Mediapart, MBS envisagerait 427 milliards de dollars d’investissements dans les secteurs de l’industrie et des services. La modernisation des infrastructures est également en projet, avec l’inauguration de cinq aéroports pour arriver au total à 29, avec une capacité de 90 millions de passagers par an. À cela s’ajoute l’aménagement de dix ports maritimes, projet important quand on sait que 13 % du commerce mondial passe par la mer Rouge.
Voilà de quoi intéresser plusieurs grandes entreprises, notamment françaises, comme Total, Veolia, AccorHotels et bien d’autres. EDF aurait remporté un appel d’offres pour construire son plus grand parc éolien en Arabie saoudite. Total s’est associé au saoudien Aramco pour reprendre le deuxième réseau de stations-service du pays, avec un budget d’un milliard de dollars sur six ans.
Le royaume saoudien n’est pas seulement un bon client pour les industriels, ceux de l’armement en particulier : c’est une pièce maîtresse de l’ordre imposé par les grandes puissances au Moyen-Orient. Aussi les prisonniers torturés ou les exécutions d’opposants pèsent-ils bien peu dans la balance. Cela suffit à mesurer ce que valent les discours sur la liberté prononcés par les dirigeants occidentaux, Macron en tête.