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- Lutte ouvrière n°2727
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Leur société
Attentats : crimes abjects, instrumentalisation dangereuse
Quinze jours après l’exécution de Samuel Paty et un peu plus d’un mois après l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, trois personnes ont été tuées le 29 octobre dans une église à Nice.
L’auteur du massacre à l’arme blanche est un jeune Tunisien, arrivé à Nice deux jours avant de passer à l’action, après être passé par l’Italie.
Avec cette nouvelle tragédie, un tour supplémentaire a été donné à un engrenage d’amalgames et de divisions au sein de la population et des travailleurs.
L’extrême droite islamiste et les crimes qu’elle inspire constituent bien sûr un des rouages de cette mécanique infernale. En creusant un fossé entre musulmans et non-musulmans, elle veut imposer une dictature à ceux-là mêmes qu’elle prétend représenter et défendre. Tout autant zélés pour creuser le fossé, mais depuis l’autre bord, les politiciens de droite et d’extrême droite profitent du crime de Nice et de la trajectoire de son auteur pour redoubler de démagogie et jeter la suspicion sur tous les musulmans, voire tous les migrants.
Les Républicains et le Rassemblement national, pour des objectifs électoraux évidents, se distinguent à peine dans la surenchère. Ils appellent à un état d’exception, à un régime de guerre, Marine Le Pen proclamant à la télévision qu’il ne faut plus avoir peur d’être traité d’islamophobe, ce qui revient à s’en revendiquer.
Quant au gouvernement, il continue de creuser dans la même veine antimusulmane et anti-immigrée. Avant les attaques de ces dernières semaines, Macron a choisi de jeter la suspicion sur les musulmans en parlant de séparatisme. Le gouvernement a renforcé le plan Vigipirate, déployant plusieurs centaines de soldats supplémentaires dans les grandes villes, ce qui rassure peut-être une partie de la population. Mais aucun moyen policier et militaire ne peut garantir la sécurité face à des attaques imprévisibles. Ces moyens répressifs, dont la droite et l’extrême droite réclament le durcissement, au-delà même de « l’État de droit », pourraient par contre servir à faire taire toute contestation.
Désormais, à la démagogie gouvernementale s’ajoutent les aboiements venant de droite et d’extrême droite, formant un cocktail explosif. Dans cette atmosphère pesante, des groupuscules fascisants agissant au nom de la nation, du christianisme ou des deux à la fois se sont manifestés dans plusieurs villes. Ces groupes sont certes très minoritaires, mais ne peuvent que se sentir encouragés par les propos du gouvernement comme par les surenchères des politiciens de droite et d’extrême droite.
Qu’ils proviennent des réactionnaires français ou islamistes, les courants fascistes ont tout intérêt à creuser le fossé dans la population, à diviser les travailleurs, car leur objectif est de réduire toute contestation au silence, d’imposer leur ordre moral, tout en préservant l’ordre social capitaliste.
C’est contre ce danger mortel pour toute la classe ouvrière que les travailleurs doivent s’armer, dans leurs têtes pour commencer, en opposant à ces divisions leurs objectifs communs.