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- Lutte ouvrière n°2727
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Dans le monde
Algérie : référendum, un camouflet pour le pouvoir
En Algérie, le 1er novembre, sur les vingt-quatre millions d’électeurs, seuls six millions ont participé au référendum sur la révision de la Constitution censée poser les bases d’une Algérie nouvelle.
Si le oui l’a emporté à 66,8 %, le fait marquant de ce scrutin est le taux d’abstention de plus de 75 %.
Cette abstention constitue un désaveu cinglant pour le président de la République Mohammed Tebboune, en quête de légitimité depuis son élection de décembre 2019. Ses promesses d’améliorer le niveau de vie des classes populaires et de nouer le dialogue avec les partisans du Hirak, le mouvement de contestation né en février 2019, lui avaient permis à l’époque de rallier 40 % des électeurs, qui aspiraient à une certaine stabilité.
Un an plus tard, cette révision est apparue comme un simple ravalement de façade, qui protège les tenants du système. Profitant de la pandémie, le pouvoir a tenté de liquider les libertés de manifester et de s’exprimer dans l’espace public qu’avait imposées le mouvement de l’an dernier. La répression à l’égard des militants et l’interdiction des meetings ont réduit les débats. Hormis les islamistes, qui appelaient à voter non au référendum, la plupart des forces politiques dites démocratiques ont appelé au boycott. Si ces forces s’opposent au pouvoir et prétendent incarner les aspirations qui se sont exprimées lors du Hirak, elles ne veulent pas mettre en question les intérêts de la bourgeoisie algérienne.
Les classes populaires, confrontées à l’inflation, au chômage de masse, se sont détournées de cette mascarade électorale. En même temps, elles constatent que, si le Hirak a conduit à la démission de Bouteflika, l’oppression et la corruption, elles, n’ont pas disparu. Les travailleurs subissent toujours la loi patronale et doivent lutter sans répit pour obtenir leur salaire et imposer le droit de s’organiser dans un syndicat.
Pendant une année, le mouvement de contestation qui a secoué le pays est allé de rejet en rejet : celui du cinquième mandat de Bouteflika, de la prolongation du quatrième mandat, le rejet de l’élection présidentielle du 4 juillet 2019, puis de celle de décembre. Le camouflet infligé au pouvoir à travers cette abstention massive constitue un énième rejet.
Tout cela est significatif des sentiments des travailleurs et des classes populaires à l’égard du pouvoir et de ce « système » contre lequel le Hirak s’est dressé. Et, alors qu’ils sont touchés de plein fouet par la crise, il est urgent que ce rejet se transforme en une conscience claire des objectifs pour lesquels ils ont à lutter et pour lesquels ils devront s’organiser en tant que classe.