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Leur société
Assurance chômage : les droits des chômeurs toujours menacés
« Ces quatre dispositifs, il n’est pas question de revenir sur leur existence. Il n’est pas non plus question de revenir sur leur philosophie », dit-on au ministère du Travail, à propos de la réforme de l’Assurance chômage qui serait donc applicable, après avoir été en partie repoussée pour cause d’épidémie.
Les dispositifs en question ont été évoqués le 30 septembre, dans une concertation entre la ministre du Travail, Élisabeth Borne, et les partenaires sociaux sur l’avenir de cette réforme, dont le premier volet a déjà été mis en place en novembre 2019. Les nouveaux chômeurs ont alors vu leurs droits à allocation restreints : il leur fallait avoir travaillé six mois sur une période de 24, au lieu de quatre mois sur une période de 28. Pour recharger ses droits, il fallait avoir travaillé au moins six mois, au lieu d’un seul mois avant novembre 2019.
Cependant, devant les effets du confinement, un décret a été publié le 29 juillet, repoussant prudemment ces mesures, mais uniquement pour ceux qui auraient perdu leur emploi entre le 1er août et le 31 décembre 2020. Elles devraient maintenant entrer en application au 1er janvier prochain. S’y ajouteraient aussi alors les mesures du deuxième volet, qui prévoient un nouveau calcul, à la baisse évidemment, de l’allocation chômage. Celle-ci serait calculée, non plus sur les jours travaillés pendant les douze derniers mois, mais sur un revenu moyen mensuel qui prendrait également en compte les périodes d’inactivité. Ce mode de calcul serait particulièrement pénalisant pour les travailleurs précaires ou saisonniers, qui enchaînent les contrats courts en alternance avec des périodes de chômage. Une dégressivité des allocations après six mois d’indemnisation devrait également être appliquée à ceux percevant des indemnités plus importantes, cadres licenciés par exemple.
Il ressort de la prétendue concertation en cours que le gouvernement tient à sa réforme, qui aggrave le sort des travailleurs au chômage sous prétexte de favoriser le retour à l’emploi. Tout au plus la ministre accepterait-elle de nuancer quelques paramètres. Par contre, on attend toujours la mise en place du seul volet qui pourrait être favorable aux travailleurs : le bonus-malus qui viserait les patrons usant et abusant des contrats courts, volet si décrié par le Medef. La ministre réfléchit bien volontiers à l’adoucir, et en tout cas à le repousser jusqu’en mars, voire en 2022.
Cette réforme de l’Assurance chômage, antiouvrière s’il en est à une période où les suppressions d’emplois tombent comme les feuilles mortes, les travailleurs n’en veulent pas, et les dirigeants syndicaux présents le 30 septembre l’ont d’ailleurs refusée. Il n’est pas question d’accepter un tel recul, alors que les caisses des capitalistes sont pleines.