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Dans les entreprises
Renault : la direction poursuit son plan
Le 29 septembre avait lieu au siège de Renault, à Boulogne-Billancourt, un comité social et économique central (CCSE) au cours duquel les dirigeants du groupe faisaient mine de prendre l’avis, purement consultatif, de quatre organisations syndicales, CGT, FO, CFE-CGC et CFDT, sur le plan de restructuration prévu dans les usines et les bureaux d’études.
Le fait que les quatre confédérations aient refusé son plan ne surprend pas ni n’affecte la direction de Renault. « Il s’agit d’un vote sur l’histoire du plan depuis sa genèse, qui ne reflète plus l’état du dialogue social aujourd’hui, déclare-t-elle. Ce qui est important, c’est que nous pouvons désormais aller de l’avant, et poursuivre dans sa mise en œuvre. »
En effet, plutôt que d’un plan, il s’agit d’une déclaration de guerre. Après avoir, au prétexte d’une perte de 141 millions d’euros pour l’année 2019, communiqué en mars sur l’ampleur des économies qu’il comptait faire, le constructeur a fini par annoncer une restructuration des productions et des établissements. Pas moins de quatre usines étaient menacées rien qu’en France et, au final, la direction du groupe annonçait un plan de 2,15 milliards d’euros d’économies à réaliser en trois ans, ce qui pour elle se traduisait par 15 000 emplois à supprimer dans le monde, dont 4 600 dans les usines et les bureaux d’études en France.
Où cette attaque allait-elle commencer ? Quelles productions allaient être arrêtées et quand ? Des usines allaient-elles fermer ? La Fonderie de Bretagne, Alpine Dieppe, Flins et Choisy-le-Roi sont en première ligne de l’attaque. Finalement, les 260 salariés de Choisy-le-Roi ont été fixés sur leur sort : ils devraient être mutés à Flins, à 60 km de distance, où l’activité de recyclage qui était celle de leur site serait transplantée.
Pour les autres sites, la confusion reste savamment entretenue. Il est clair que dans l’ingénierie, 1 500 postes d’embauchés sont visés au Technocentre de Guyancourt. La direction a récemment jeté à la rue un cadre pour une prétendue insuffisance professionnelle. Il y a également 2 730 suppressions de postes dans les bureaux administratifs, au Plessis-Robinson et à Boulogne. Et 5 300 dans la sous-traitance. Flins devrait, outre le recyclage, se spécialiser dans l’économie circulaire. À part tourner en rond, les travailleurs ne fabriqueraient plus de voitures dès 2024, ce qui dans un premier temps se traduirait par un millier d’emplois supprimés. Et beaucoup ont compris qu’une telle usine, dimensionnée il y a près de soixante-dix ans pour exploiter le travail de plus de 20 000 ouvriers, risquait elle aussi d’être rayée de la carte.
La stratégie des dirigeants, Luca De Meo en tête, est de ne rien dire de précis aux premiers concernés, les 40 000 salariés. Se voulant sans doute drôle, le nouveau directeur général a même déclaré que, dans le cadre de la « véritable Renaulution » que constitue la restructuration, il avait besoin d’eux pour ce virage. C’est-à-dire pour être virés, peut-être !
En tout cas pour le moment, à l’usine de Flins par exemple, l’heure est non seulement aux économies de postes et de matériel, mais aux heures supplémentaires, aux débordements, aux samedis travaillés et aux cadences intenables : il faut sortir à tout prix des voitures électriques, les Zoé. Les indispensables, ce sont donc bien les travailleurs, commencent à se dire ceux qui n’envisagent pas une seconde de se retrouver à la rue.
La solution se trouve dans les comptes de Renault. Une trésorerie de 12 milliards est disponible, 25 autres milliards de bénéfices ont été dégagés sur les dix dernières années. C’est là qu’il faut prendre le nécessaire pour ne supprimer aucun emploi, aucun poste d’intérimaires ou de sous-traitants et partager le travail entre tous sans perte de salaire. Lutter pour imposer cela à De Meo et à ses pairs, c’est bien le virage qu’il faut prendre.