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Dans les entreprises
Dassault : un retour à l’envoyeur s’impose
Jeudi 24 septembre, le PDG de Dassault-Aviation, Éric Trappier, annonçait en CSE extraordinaire l’abandon total d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), autrement dit d’un plan de licenciements pouvant toucher jusqu’à 800 travailleurs de la société.
Le PDG expliquait alors aux organisations syndicales que la commande grecque permettait d’assurer un plan de charge suffisant. L’entreprise devait en effet produire six Rafale pour l’armée grecque, plus douze autres pour l’armée française, destinés à remplacer ceux revendus d’occasion à l’armée grecque.
En fait, la famille Dassault, actionnaire principal, avait depuis le printemps fait le chantage suivant au gouvernement : soit l’armée commandait de nouveaux Rafale, soit Dassault Aviation licenciait. C’est d’autant plus cynique que l’entreprise est depuis toujours on ne peut plus prospère. Elle possède actuellement 4 milliards d’euros de trésorerie et, conjointement avec Airbus, Safran et Thales (dont Dassault est actionnaire), elle a obtenu récemment du gouvernement 8 milliards supplémentaires pour « assurer la pérennité de la filière aéronautique ».
Cela ne suffisait pas à la famille Dassault, dont la fortune est évaluée par le magazine Challenge à 23 milliards d’euros. Elle a fait du siphonage des fonds publics son mode de fonctionnement. La famille Dassault a annoncé le report de l’encaissement des dividendes de 2019, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Mais on peut être sûr qu’elle n’y renoncera pas.
La commande grecque arrive opportunément pour que le gouvernement serve avec zèle ces grands bourgeois. Mais, commande grecque ou pas, c’est bien l’argent du contribuable qui va une fois de plus remplir les caisses des milliardaires. Les hôpitaux attendront !
L’annonce du retrait du PSE ne signifie pas pour autant l’arrêt des licenciements, puisque le PDG annonce également le rapatriement dans la société des travaux exécutés jusqu’à présent en sous-traitance. Il y aura donc de ce côté-là des licenciements et des chômeurs supplémentaires, qui vont s’ajouter à ceux qui ont déjà perdu leur travail.
Tout cela, les travailleurs le savent, et si l’abandon de PSE comme celui de la menace du chômage partiel, excepté sur le site de Biarritz, pour une courte période, les a soulagés, ils savent que les exigences de la famille Dassault ne s’arrêtent pas là. Ainsi, à l’occasion des prochaines négociations annuelles, la direction générale entend bien profiter du climat général pour imposer ses conditions. Un directeur général déclarait il y a peu aux organisations syndicales : « D’abord on fait peur, après on négocie. »
Les travailleurs n’ont plus qu’à prendre exemple sur les méthodes Dassault. Il voulait les prendre en otage, eh bien à eux de prendre à leur tour la production des Rafale en otage.