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Dans le monde
États-Unis : Wall Street fait la fête… comme en 1929
Cet article est traduit du journal trotskyste américain The Spark (14 septembre).
De nombreux experts se disent troublés par l’augmentation rapide des cours boursiers, une hausse en grande partie tirée par celle des actions d’une poignée de compagnies de techniques de pointe. Ils disent qu’ils ne comprennent pas comment c’est possible, alors que le reste de l’économie est empêtré dans la récession la plus grave depuis la Grande Dépression.
Il est certain que la hausse énorme de quelques actions a peu à voir avec la réalité. En moins d’un an, Tesla, qui fabrique des voitures électriques, a vu le cours de son action augmenter de 950 % ! Sur les marchés boursiers, l’entreprise vaut maintenant deux fois plus que Toyota, bien que celle-ci ait vendu 13 millions d’automobiles, alors que Tesla n’en a vendu que 400 000. Et Tesla vaut dix fois plus que General Motors, qui a vendu vingt fois plus de voitures qu’elle.
Quant à Apple, son cours de Bourse a doublé en moins de six mois et la firme vaut maintenant plus de 2 000 milliards de dollars ! Apple vend peut-être des téléphones coûteux et des ordinateurs… mais 2 000 milliards de dollars. C’est à peu près le PIB de l’Italie, un pays de plus de 60 millions d’habitants, avec des villes comme Rome, Milan et Venise. Et la hausse galopante des cours d’Amazon et de Microsoft signifie qu’eux aussi pourraient rejoindre Apple dans le club des 2 000 milliards de dollars de capitalisation.
Les actions de la high tech sont devenues si précieuses pour les financiers de Wall Street qu’elles éclipsent tout le reste. L’indice Dow Jones des 30 plus importantes compagnies américaines a récemment remplacé Exxon par une entreprise nommée Salesforce. Comment peut-on considérer cette compagnie, créée en 1999, qui édite des logiciels et héberge des applications d’entreprise, comme plus importante qu’Exxon, la plus grande compagnie pétrolière au monde ? Le pétrole est toujours la première source d’énergie de l’ensemble de l’économie mondiale et il constitue la base de nombreux produits chimiques utilisés dans l’industrie, l’agriculture et les biens de consommation.
Dans le monde des financiers de Wall Street, ce qui compte n’est pas l’économie réelle, ce n’est pas la production de biens et de services pour satisfaire les besoins de la population, mais seulement combien de profits ils peuvent faire aussi vite que possible. Il n’y a rien de nouveau dans tout cela. L’augmentation rapide des actions de la high tech est seulement une nouvelle bulle financière, gonflée par la frénésie spéculative de quelques grands capitalistes et financiers.
Les capitalistes, qui prétendent que leur pouvoir sur l’économie mondiale se justifie par leur capacité à diriger efficacement l’investissement là où il peut être le plus utile, se contentent de regarder croître leurs fortunes, en s’endettant pour faire des placements toujours plus risqués sur différentes entreprises cotées, augmentant ainsi leur valeur jusqu’à ce que la bulle éclate et que tout s’effondre.
Tandis que les capitalistes font la fête et que d’énormes sommes d’argent circulent sur les marchés boursiers, l’économie réelle est affamée. Il n’y a plus d’argent pour embaucher ou payer les travailleurs, pour construire des logements bon marché, ou pour les écoles, les routes, la santé d’une grande partie de la population.
La classe capitaliste conduit la société tout entière vers sa perte. Et cela continuera jusqu’à ce que les travailleurs s’organisent et lui opposent leur pouvoir et leur organisation sociale.