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Leur société
Sécurité : concurrence réactionnaire
La droite et l’extrême droite pouvant difficilement se démarquer du gouvernement Macron-Castex sur son programme économique qui satisfait toutes les demandes patronales, elles cherchent à le faire sur le terrain de la sécurité.
Pour leur couper l’herbe sous le pied, Macron et ses ministres n’hésitent pas à en rajouter. Le vocabulaire utilisé, séparatisme, ensauvagement, atteinte à la laïcité, est délibérément choisi pour faire écho au discours de Le Pen.
Darmanin, en présentant le plan sécurité du gouvernement, prétend lutter contre la violence et les trafiquants de drogue qui empoisonnent la vie de bien des habitants de quartiers populaires. Il déclare s’émouvoir de ce qu’« un gamin de 14 ans gagne plus en faisant le guet pour des dealers que son père en travaillant ». Mais que propose-t-il pour y remédier ? Comme tous ses prédécesseurs, il veut « remettre du bleu dans la rue » pour « rassurer les honnêtes gens que nous voulons protéger ». Autrement dit, il veut embaucher des policiers, qui s’ajouteront aux 6 000 policiers et gendarmes que Macron aurait recrutés depuis 2017. Pour éradiquer le trafic de drogue, il prétend s’en prendre à toute la filière, des gros trafiquants aux consommateurs « y compris ceux des beaux quartiers ». Mais la mesure emblématique consistant à généraliser les amendes à 200 euros pour consommation de cannabis ne vise absolument pas les trafiquants, petits ou gros.
Toutes ces mesures – sans même discuter de leur efficacité à court terme– font l’impasse sur l’essentiel : les raisons profondes de l’augmentation des trafics et de la violence dans la société. Si la vie quotidienne dans de nombreux quartiers est aujourd’hui plus dure et brutale que par le passé, cela résulte avant tout de l’augmentation du chômage, de la précarité et de la pauvreté. Si un guetteur gagne plus qu’un travailleur, c’est d’abord révélateur de la faiblesse des salaires. Les habitants des quartiers et des banlieues populaires, ce sont les infirmières, les caissières, les livreurs ou les auxiliaires de vie qui ont fait tourner le pays pendant le confinement. Macron, Darmanin et Cie n’ont que mépris pour ces « honnêtes gens » qui ne sont pas « des premiers de cordée ». Quant à leurs enfants, même quand ils ne traînent pas dans les rues, ils sont traités en délinquants potentiels par des policiers mus par la peur quand ils ne sont pas imprégnés de préjugés divers, dont le racisme. C’est bien souvent leur propre brutalité, avec la multiplication des contrôles injustifiés et leur mépris affiché, que récoltent en boomerang les policiers.
Macron, dont toute la politique a renforcé les inégalités sociales et fait plonger dans la précarité de nouvelles fractions de la population, se fiche du sort des habitants des quartiers populaires.