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Dans le monde
Maroc : confinement et répression
Dimanche 6 septembre, peu avant minuit, les habitants de Casablanca apprenaient que leur agglomération (plus de 3 millions d’habitants) allait être de nouveau confinée et totalement coupée de l’extérieur à partir du lendemain midi, pour une durée de quatorze jours.
Les écoles et les universités sont désormais fermées, les marchés, les cafés et les commerces ont des heures de fermeture imposées, et le couvre-feu est instauré entre 22 heures et 5 heures du matin. Des autorisations de circulation sont accordées, mais elles dépendent du bon vouloir du pacha (équivalent du préfet) et nécessitent des heures d’attente.
Depuis le déconfinement, commencé à la mi-juin, des mesures du même type se sont succédé dans tout le pays, au fur et à mesure du développement de l’épidémie. Les déplacements ont été interdits entre les grandes villes, des villes comme Tanger, Kenitra, et des quartiers entiers de Marrakech et de Casablanca ont été bouclés à tour de rôle.
Partout, les policiers et les forces auxiliaires, déjà omniprésents en temps normal, multiplient les contrôles, les barrages sur les routes. Les blindés ont même été déployés dans les rues des grandes villes.
Comme ailleurs, la raison invoquée pour justifier ce déploiement de forces est l’indiscipline de la population, qui ne respecterait pas assez les gestes barrières. Mais dans le même temps tout est fait pour maintenir l’activité des entreprises et les profits des capitalistes.
L’usine Renault de Tanger avait dû fermer, du fait de nombreux cas de Covid-19 parmi les ouvriers, mais elle a bien vite rouvert. PSA augmente sa production à Kenitra, l’équipementier Lear lance une usine à Tanger. Le pays vient d’ouvrir de nouveau ses frontières aux ressortissants étrangers, sur simple présentation d’une réservation d’hôtel ou d’une invitation par une entreprise marocaine.
Le système de santé, dans un état lamentable, ne peut déjà pas faire face à la montée de l’épidémie et à l’augmentation des cas graves. Des médecins et des pharmaciens témoignent de la pénurie de lits, de bouteilles d’oxygène, de médicaments. En plus de cette situation sanitaire catastrophique, la population subit l’explosion du chômage. Le secteur du tourisme est particulièrement touché, avec près de 90 % des hôtels qui n’ont pas rouvert depuis le confinement et 500 000 travailleurs qui ont perdu leur emploi et tout revenu.
Face à cela, les mesures du gouvernement ne sont que communication et poudre aux yeux. Il parle de généraliser la couverture sociale et d’instaurer une indemnité pour perte d’emploi (IPE), mais il n’envisage qu’un « déploiement de manière progressive », sur plusieurs années, de ces mesures. Le paiement de l’IPE par exemple ne devrait commencer qu’en… 2024 !
Dans ce contexte qui pourrait devenir explosif, la répression contre les opposants augmente. Les campagnes de diffamation par les médias aux ordres s’ajoutent aux arrestations pour des affaires de mœurs montées de toutes pièces, aux condamnations à des peines de prison sur la base d’un tweet, d’une chanson ou d’un blog qui déplaît.
Au-delà de la crise du Covid, la crise du capitalisme prend des formes abominables dans un pays pauvre comme le Maroc.