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Dans les entreprises
Alteo – Gardanne : délocalisation des risques et des pollutions ?
L’entreprise d’aluminium de Gardanne, Alteo, ex-Péchiney, vient d’annoncer que, dès le 30 août de cette année, les effluents qu’elle déverse dans les Calanques, près de Cassis, seraient d’une qualité conforme aux exigences environnementales.
Quant aux déchets solides, déposés sur le terrain de Mange-Garri, ils continuent de polluer toute une zone. Le vent en emporte les poussières rouges sur les arbres, les champs, les jardins, les maisons, et la pluie les dilue en boues rouges qui ruissellent.
Sur ce site de Gardanne, depuis 1894, l’alumine est extraite de la bauxite, puis cette alumine brute, une poudre blanche, est raffinée pour fournir les alumines de spécialité. Des centaines de travailleurs de la ville et des alentours y ont travaillé, leur nombre a diminué jusqu’à 511 actuellement, auxquels s’ajoutent à peu près autant de sous-traitants.
Le travail est risqué, puisque cette usine portait le surnom de "l’usine des aveugles" : au fil du temps, les conduites corrodées, en hauteur, laissaient goutter de la soude, et malheur à celui qui levait la tête au mauvais moment. Dans la ville, les poussières rouges de l’usine ont coloré les maisons tout autour. Il y a même eu un déversement de soude dans la rue.
La pollution a gagné aussi les eaux du Parc national des calanques, site en principe protégé, où se déversaient les résidus de fabrication sous forme de boues rouges emportées dans un pipe-line sur 50 km jusqu’à la mer.
Ce n’est qu’en 2016 que l’usine a dû cesser ces déversements de boues rouges. Elle n’envoie plus que des effluents moins nocifs, tandis que la partie solide des résidus est épandue sur le terrain de Mange-Garri, dans la commune de Bouc-Bel-Air.
Si les associations ainsi que des maires de communes environnantes se battent contre ces dépôts de déchets, qui selon eux contiennent entre autres de l’arsenic et du cadmium, les salariés de l’entreprise, eux, sont très inquiets pour leur emploi.
L’entreprise a été mise en redressement judiciaire en décembre 2019. Sept des huit repreneurs éventuels proposent de ne plus travailler la bauxite et de raffiner de l’alumine brute importée. C’est surtout en Guinée que l’alumine serait extraite de la bauxite, et donc les Guinéens qui subiraient les effets de la pollution.
La demande d’aluminium mondiale a explosé, entraînant le développement de raffineries d’alumine ayant une capacité de cinq à dix fois plus importante qu’à Gardanne.
Ces raffineries ont un avantage concurrentiel structurel de par leur taille, leur proximité avec les mines de bauxite et leurs moindres coûts environnementaux, étant situées dans des pays aux normes moins contraignantes, exploitant davantage les travailleurs. Alors, quel que soit le projet retenu, il comportera des suppressions d’emplois… et des conséquences désastreuses pour l’environnement, ici ou ailleurs.