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SNCF : naufragés du TGV sur un réseau en perdition
Dimanche 30 août, plus de 2 500 voyageurs de quatre TGV différents ont vécu une nuit éprouvante en raison d’une succession de pannes d’alimentation électrique entre Dax et Morcenx. Partis du Pays basque en direction de Paris, ils ont mis jusqu’à 22 heures pour rejoindre la capitale.
Un témoin relate qu’ils ont été stoppés en pleine voie pendant cinq heures sans aucun ravitaillement. Pendant deux heures, l’électricité a été totalement coupée, ce qui signifie l’arrêt de la ventilation et de la lumière, alors que, Covid oblige, un air renouvelé est indispensable. Certains ont pu être transférés par car, d’autres hébergés à l’hôtel. Beaucoup ont dû veiller dans le train.
La direction de la SNCF et le ministre des Transports ont largement communiqué sur la remise aux voyageurs les plus pénalisés d’un remboursement de 300 % du prix du billet sous forme d’avoir.
L’origine immédiate de la paralysie n’est pas encore connue : défaillance du pantographe, pièce mobile destinée à fournir l’alimentation provenant de la caténaire, ou défaillance de la caténaire elle-même ? Mais les ruptures de caténaires font partie du quotidien des cheminots et des usagers. Et elles sont bien souvent dues à leur vétusté et au manque d’effectif dans l’entretien et la surveillance de la voie. Des décennies d’abandon de l’entretien des infrastructures ferroviaires et de ses équipements transforment tout incident en panne et en paralysie du trafic pour de longues heures, quand il ne s’agit pas d’un accident plus grave. Malgré les déclarations satisfaites des dirigeants, prétendant avoir réinvesti dans le réseau, la dégradation se poursuit. Ainsi les dernières statistiques de l’EPSF, l’autorité de sécurité ferroviaire, indiquent : «Les accidents significatifs de type collisions sont en forte hausse en 2019. Cette hausse s’explique par une augmentation des collisions avec la caténaire entraînant des interruptions de trafic ou des dégâts matériels sans aucune conséquence humaine. » Et pour cause, les investissements nécessaires ne sont pas réalisés. Le dernier audit du réseau ferré national commandé par SNCF Réseau relève « un écart de 520 millions d’euros par an entre les besoins théoriques de renouvellement des infrastructures (…) et celles prévues par le contrat de performance 2017- 2026. » Du coup, le rapport indique : « Résoudre l’obsolescence des caténaires les plus anciennes, maîtriser le vieillissement des ouvrages d’art et moderniser la signalisation nécessitera des niveaux d’investissements élevés au cours du prochain quart de siècle. » C’est évidemment un vœu pieux, l’argent public étant drainé plus que jamais vers les poches du patronat.
Pour éviter les ruptures de caténaires, il faudra la rupture avec un système encore plus vétuste et obsolète : le capitalisme.