Macron au Liban : tentative de replâtrage du pouvoir02/09/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/09/2718.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Macron au Liban : tentative de replâtrage du pouvoir

Le 31 août, Macron s’est rendu au Liban pour la deuxième fois depuis l’explosion survenue dans le port de Beyrouth le 4 août dernier, ravageant une grande partie de la ville. À la suite de cette explosion, le gouvernement, déjà conspué depuis des mois lors des manifestations, avait démissionné.

La prétention de Macron de vouloir venir en aide à la population victime de l’explosion, et de proposer un « nouveau pacte politique », cache mal sa connivence avec la classe politique au pouvoir. Cette dernière, constituée d’affairistes à la tête de partis confessionnels qui se partagent le pouvoir depuis des décennies tout en se servant dans les caisses de l’État, cristallise la colère de la population.

Déjà, lors de sa première visite, lorsque Macron s’était invité à Beyrouth deux jours après l’explosion, il avait rencontré les représentants de toute la classe politique libanaise. Depuis, tractations et menaces sont allées bon train, notamment vis-à-vis du Hezbollah et de ses alliés, pour trouver un consensus qui permette de sortir le pays de la crise politique. Le but était de mettre en place les mesures d’économies budgétaires exigées par la communauté internationale et le FMI, de redémarrer l’économie du pays et… de permettre aux affaires de reprendre.

Comme par miracle, la nomination d’un nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, a eu lieu la veille de la visite de Macron. Après un simulacre de consultations parlementaires, Adib, auparavant ambassadeur du Liban en Allemagne et conseiller du milliardaire et ex-Premier ministre Najib Mikati, l’une des plus grosses fortunes du Liban, a bénéficié d’un large consensus parmi les formations politiques rivales.

Tout cela rappelle curieusement, cent ans pile après la proclamation du Grand Liban, le rôle prépondérant que la France cherche à maintenir dans la vie politique du pays depuis sa création. Ce n’est sans doute pas le slogan « Exigence, sans ingérence », que Macron s’est empressé de proclamer à son arrivée, qui fera oublier cette sujétion.

Cherchant à colorer sa visite d’un vernis culturel, en même temps qu’il promouvait son projet de gouvernement de consensus national, Macron s’est rendu chez la célèbre chanteuse libanaise Fairouz, icône fédératrice dans le pays.

Pour son malheur, un certain nombre de manifestants étaient là pour protester contre l’ingérence du gouvernement français en scandant : « Nous sommes un peuple libre. » Ils protestaient également contre la nomination d’Adib, qui n’est qu’une copie de son prédécesseur, Hassan Diab.

Comme le disait une manifestante, il n’y a rien à attendre de l’État français, qui se livre à des tractations avec la classe politique libanaise et qui se garde bien de demander à ses banques de rendre l’argent volé à la population.

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