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Leur société
Néonicotinoïdes : pour le plus grand profit de l’agro-industrie
Le gouvernement vient de réautoriser l’usage des néonicotinoïdes, après seulement deux ans d’interdiction, pour la culture de la betterave à sucre. L’utilisation de ces insecticides est réclamée par les producteurs de betteraves pour protéger leurs cultures contre une épidémie de jaunisse qui fait chuter les rendements.
En 2016, Barbara Pompili, alors secrétaire d’État, prônait l’interdiction de cette catégorie d’insecticides, particulièrement nocifs pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Aujourd’hui, devenue ministre de la Transition écologique, elle s’applique à justifier cette réintroduction, expliquant que les risques encourus seront limités. Comme Nicolas Hulot avant elle, elle doit manger son chapeau. Elle ne fait pas le poids face aux capitalistes de la filière sucrière et face à ceux, plus puissants encore, du secteur phytosanitaire, qui produit les pesticides utilisés par les agriculteurs pour se débarrasser des insectes parasites et des mauvaises herbes.
La filière sucrière est dominée par Tereos, groupe industriel spécialisé dans la transformation de la betterave à sucre, de la canne à sucre et des céréales. Cette coopérative agricole sur le plan juridique est en fait devenue une entreprise capitaliste multinationale, deuxième groupe sucrier à l’échelle mondiale, comptant plus de 22 000 salariés sur tous les continents. Du côté des fabricants de néonicotinoïdes, on trouve des groupes industriels internationaux du même acabit, comme Syngenta ou Bayer (qui a racheté Monsanto en 2016 et qui règne aussi sur la production de médicaments).
Le gouvernement justifie sa décision par le fait que les agriculteurs ne disposeraient pas de produits moins nocifs mais aussi efficaces contre les parasites des cultures. Il envisage même de reconduire l’autorisation des néonicotinoïdes encore plusieurs années pour « laisser le temps à la recherche d’aboutir ». Quelle blague ! Les néonicotinoïdes ont fait leur apparition en 1994, les apiculteurs alertent sur la dangerosité de ces produits et mènent le combat juridique contre leurs fabricants depuis… 1998. Et ces derniers, riches à milliards, n’auraient pas eu le temps, en plus de vingt ans, de mener les recherches nécessaires pour trouver des substituts à leurs produits ?
La réalité est que ce n’est pas leur problème. La fabrication des néonicotinoïdes est rentable, très rentable même. C’est une raison suffisante pour continuer leur production, et même pour se battre bec et ongles pour empêcher leur interdiction. Et tant pis pour l’environnement !