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EPR : “échec opérationnel” mais profits assurés
La Cour des comptes, dernier auditeur en date, vient de rendre un rapport à charge sur l’EPR, le réacteur nouvelle génération d’EDF. Son rapport pointe les innombrables dysfonctionnements, à commencer par les « dérives des coûts et des délais considérables. »
Lorsque la décision de construire des EPR en Finlande et à Flamanville en France avait été prise, Framatome avait depuis quinze ans cessé de faire du nucléaire. Le site du Creusot, spécialisé dans la chaudronnerie nucléaire, avait même été revendu « par appartements » en partie à Bolloré. Par la suite racheté par Areva, c’est ce même site qui a fabriqué pour l’EPR une cuve de réacteur et un couvercle pas vraiment au point.
L’objectif à l’origine était financier avant d’être scientifique et industriel. À l’époque, la direction parlait d’un marché de deux cents EPR qui allait s’ouvrir partout dans le monde. Il fallait faire vite. On ne savait pas faire ? Qu’importe, c’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Et, pour gagner du temps, on recourait à des sous-traitants surveillés de loin par des techniciens d’EDF et n’ayant pas acquis la compétence voulue.
Commencé en 2007 avec un budget prévu de 3,3 milliards d’euros, après une accumulation incroyable de déboires techniques dans sa conception et sa fabrication, le réacteur ne serait finalement mis en service que mi-2023 au plus tôt. Le budget pourrait avoisiner les 19,1 milliards d’euros. « Perte de compétence technique de la filière nucléaire française », « défaut de pilotage du chantier », « contrôle insuffisant sur la conduite du projet » de la part de la direction d’EDF : tout cela n’a pas empêché l’État d’alimenter ce budget pharaonique. Mais cette gestion catastrophique ne fait pas que des malheureux. EDF et ses partenaires, les bétonneurs du nucléaire comme Bouygues, entre autres, aspirent depuis des années l’argent public à travers ce chantier interminable. Pourtant, le groupe va présenter un projet de construction de six prochains EPR 2. Et, sans attendre la décision du gouvernement prévue en 2023, Framatome, désormais filiale d’EDF, a décidé d’engager les travaux dès mi-2021 dans son usine du Creusot.
Au passage, les banques se servent elles aussi et ont déjà siphonné 4,2 milliards de frais financiers.
Le réacteur est peut-être de « nouvelle génération », mais la politique de ces groupes qui pillent l’État et l’argent public, elle, est vieille comme le capitalisme.