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États-Unis : Trump en échec à Portland
Après deux semaines de confrontation quotidienne avec les manifestants antiracistes dans les rues de Portland, ville de 2,5 millions d’habitants située sur la côte Pacifique, les agents fédéraux envoyés par Trump se sont retirés. Cette reculade a réjoui les protestataires, qui cependant continuent leur mouvement.
Depuis le meurtre de George Floyd, cela fait près de 70 soirées consécutives que des centaines, et parfois des milliers de personnes manifestent contre le racisme dans cette ville de l’Oregon dont la population a la réputation d’être libérale, ce qui veut dire aux États-Unis progressiste. Les manifestants sont essentiellement blancs, ce qui n’a rien d’étonnant dans cet État peuplé de très peu de Noirs, qui les a d’ailleurs interdits légalement de résidence de 1844 à 1926.
Ces manifestations chaque soir sont caractéristiques de cette vague qui a mis, il y a deux mois, jusqu’à 15 millions de personnes en mouvement dans tous les États-Unis. Les manifestants dénonçaient le racisme des institutions américaines, et particulièrement les violences parfois meurtrières des forces de police ainsi que la main de la justice systématiquement plus lourde à l’encontre des Noirs.
C’est ce que ne supporte pas Trump, qui traite les manifestants de tous les noms, qualifiant cette vaste mobilisation de complot anarchiste et d’extrême gauche voulant détruire le pays… Tout à sa campagne électorale, flattant sa base raciste, le républicain Trump a accusé les autorités démocrates de plusieurs grandes villes de mollesse face aux manifestants.
L’Oregon et sa gouverneure démocrate ouvertement bisexuelle sont une de ses cibles. Les tergiversations du maire démocrate de Portland, qui a décrété un couvre-feu pour faire cesser les manifestations, puis l’a annulé pour ensuite demander l’intervention de la garde nationale, ont finalement servi de prétexte à Trump pour envoyer mi-juillet des troupes fédérales sur place en prétendant défendre le tribunal vers lequel convergeaient souvent les manifestants.
Ces troupes ont bien sûr agi avec violence, utilisant les gaz contre la population, aspergeant même au passage le maire, qui tentait de s’interposer. Ce qui a le plus choqué, ce sont les raids effectués à bord de voitures banalisées d’où surgissaient des policiers en tenue militaire pour arracher des protestataires au sein de la foule et les embarquer vers une destination inconnue. Ces détentions parfaitement arbitraires voulaient dissuader de participer aux cortèges se formant soir après soir.
Les manifestants ne se sont pas découragés, au contraire. De nouvelles couches de la population se sont jointes aux protestataires. Des mères de famille se sont organisées pour faire mur afin de protéger les manifestants – parfois leurs enfants – de la police fédérale. Dans la foulée un mur des pères s’est créé, ainsi qu’un mur de vétérans (anciens combattants).
La mobilisation à Portland a ainsi attiré beaucoup de sympathie. Début août, Trump a donc été obligé de retirer ses troupes, officiellement mises en retrait mais prêtes à intervenir à nouveau si les autorités locales se montrent trop conciliantes avec les manifestants.
Les manifestations en soirée continuent à Portland, se dirigeant à présent contre les commissariats du shérif local, dont les hommes agissent à leur tour à grand renfort de gaz lacrymogène.
Contre le racisme qui a toujours imprégné les autorités nationales et locales aux États-Unis, le combat continue.